Troubles urinaires et sexuels
La femme consulte un gynécologue dès l'adolescence ou l'entrée dans la vie adulte. L'homme, de son côté, attend habituellement l'âge de 50 ans avant de se tourner vers l'urologue. Les troubles urinaires en sont la principale raison : mictions fréquentes ou urgentes, sentiment de vidange incomplète, faiblesse ou interruption du jet, ou encore mictions nocturnes.
Les causes de ces problèmes sont multiples. L'hypertrophie bénigne de la prostate, plus connue sous le nom d' «
adénome de
prostate » en est la principale. D'autres étiologies sont moins fréquentes : hyperactivité ou hypoactivité vésicale,
infection urinaire, calculs logés dans l'uretère, prostatite,
tumeur de la vessie, troubles neurologiques…
L'urologue se doit d'aller rechercher une dysfonction sexuelle même si l'attente première du patient concerne un problème urinaire. En effet, rares sont les patients qui évoquent spontanément leur sexualité, quand bien même ils souffriraient de troubles avérés. Par ailleurs, les dysfonctions urinaires et sexuelles sont très fréquemment associées. La sévérité de l'une est volontiers proportionnelle à la sévérité de la seconde [Rosen]. Enfin, les traitements des
troubles mictionnels sont à même d'agir sur la fonction sexuelle et réciproquement [Gacci, Descazeaud].
Syndrome métabolique
Pourquoi les troubles urinaires et sexuels vont-ils souvent de pair ? Le « syndrome métabolique » pourrait en être l'explication. Le syndrome métabolique n'est pas une maladie mais la combinaison d'au moins trois des désordres suivants :
• une
obésité abdominale (tour de taille supérieur à 80 cm pour la femme et 94 cm pour l'homme) ;
• une intolérance au
glucose (ou un
diabète de type 2), une
hypertension artérielle ;
• une
dyslipidémie (hypertriglycéridemie, hypercholestérolémie).
Chez des sujets génétiquement prédisposés, la combinaison d'une prise calorique excessive et d'un manque d'activité physique induit ainsi non seulement une prise de
poids mais également un état de résistance à l'insuline, une intolérance au glucose et un
stress oxydatif. Ces facteurs sont responsables d'une altération de la paroi endothéliale et donc d'une augmentation du risque cardio-vasculaire [Ceriello]. On estime que le syndrome métabolique multiplie par trois le risque cardiovasculaire.
En 15 ans la proportion de personnes obèses a doublé en France. On compte aujourd'hui près de 7 millions de personnes obèses, soit 15 % de la population. Cet accroissement important du surpoids et de l'obésité conduit un accroissement parallèle de l'incidence du syndrome métabolique et donc du risque cardiovasculaire associé.
Examen urologique : contrôle de la santé
Lorsque des troubles urinaires et sexuels sont associés chez un même individu, a fortiori si ce dernier est en surpoids, il convient de rechercher un éventuel syndrome métabolique. Le lien étroit entre troubles urinaires ou sexuels et le syndrome métabolique est la résultante d'une triple association épidémiologique, physiopathologique et thérapeutique :
• épidémiologique, comme cela a été montré dans des études observationnelles à grande échelle qui pointent la très grande fréquence de ces troubles chez les patients atteints de syndrome métabolique ;
• physiopathologique puisque des données suggèrent que le syndrome métabolique est précurseur tant de désordres urinaires que de troubles sexuels. Sur le plan sexuel, en effet, le syndrome métabolique entraîne une
athérosclérose de l'artère pelvienne, à l'origine de troubles érectiles et un hypogonadisme susceptible de provoquer une baisse de la
libido. Sur le plan urinaire, l'obésité pourrait favoriser l'inflammation de la prostate et le développement d'une hypertrophie bénigne de la prostate ;
• thérapeutique du fait de la nécessité d'une prise en charge globale. Le
symptôme urologique apparaît donc comme un point d'entrée dans le syndrome métabolique.
L'enjeu est majeur du fait du risque cardiovasculaire sous-jacent. L'urologue se trouve ainsi être un acteur clef de ce que l'on pourrait appeler « la santé de l'homme de plus de 50 ans ».