Définition
- Le dépistage grâce à l'examen par le médecin, les dosages sanguins (PSA) et les biopsies , restent les seuls moyens de dépistage ont on dispose contre le cancer de la prostate.
Principes du dépistage
- La palpation de la prostate au toucher rectal (TR). C'est un examen simple à effectuer, qui devrait être plus pratiqué, mais qui en raison du caractère gênant qu'il peut avoir pour le patient et pour le médecin, l'est insuffisamment.
- Le dosage sanguin d'enzymes spécifiques, les PSA . Cet examen sanguin permet de dépister des cancers de la prostate à leur début.
- La biopsie. Si un cancer de la prostate est suspecté, un échantillon de tissus de la glande doit être prélevé sous anesthésie locale.
Une consultation régulière est d'autant plus justifiée que la symptomatologie est le plus souvent inexistante (aucun
symptôme n'est ressenti).
A noter que ce n'est que lorsque le cancer rétrécit l'urètre que des problèmes surviennent lors des mictions. Il peut s'agir par exemple d'une faiblesse du jet urinaire, d'un besoin fréquent d'uriner ainsi que de douleurs ou d'autres difficultés à uriner. Cela dit, de tels troubles sont très fréquents chez les hommes âgés. Dans la plupart des cas, ils ne sont pas dus à un cancer de la prostate mais à une hyperplasie bénigne de la prostate.
A savoir :
Plusieurs données viennent perturber la décision d'un choix de traitement suite à un dépistage:
- Il est difficile de prévoir la capacité d'évolution de ces cancers de la prostate.
- Les biopsies indispensables au diagnostic ne sont pas anodines, et il existe des faux négatifs
- Aucun examen radiologique ne permet seul le diagnostic justifiant une décision thérapeutique.
En conclusion, le dépistage est justifié, le choix d'un traitement ne se conçoit qu'après explications claires et compréhensibles entre le patient et l'urologue.
XDépistage du cancer de la prostate en vidéo
Cancer de la prostate : dépistage ou pas ? Le docteur François Meyer, directeur de l'Evaluation Médicale, Economique et de Santé Publique - HAS, explique la position actuelle de la Haute Autoirité de Santé (HAS) à propos du dépistrage systématique du cancer de la prostate.
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Pourquoi est-il recommandé de dépister le cancer de la prostate ?
De façon stable depuis plusieurs années, le cancer de la prostate provoque en France :
- 40 000 nouveaux cas de cancer par an soit 25% des nouveaux cancers masculins, ce qui en fait le plus fréquent des cancers après 65 ans
- et 10 000 décès par an
Enfin , comme tous les cancers, plus il est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérisons sont élevées.....si on le traite !
Quelques chiffres sont indispensables pour parler de dépistage légitime; un cancer de prostate découvert avant 65 ans et non traité, sera responsable du décès du patient 3 fois sur 4.
Le tableau suivant résume la corrélation entre , PSA, risque de biopsies positives ,chances de guérison
PSA |
Nombre de biopsies positives |
Évolution traitée |
De 3 à 7 |
25% |
8/10 guérison |
De 7 à 30 |
65% |
5/10 guérison |
De 30 à 100 |
90% |
Non curable |
De 100 à 1000 |
100% |
Stade tardif non curable |
La problématique du dépistage
Les avis sont partagés.
- Le cancer de la prostate est fréquent, il évolue lentement, mais il évolue, avec un retentissement urinaire, et des risques de métastases . Il y a donc un risque de décès, sur le long terme (10 ans est le délai moyen). Il est donc logique de proposer un dépistage et un traitement curatif.
- D'autres avis sont contraires : le cancer de prostate est une tumeur d'évolution habituellement lente. Cette maladie ne provoque de signes qu'à l'issue de plusieurs années après sa découverte. En raison de l'évolution très lente de la maladie, les risques de décès n'existent qu'au bout de plusieurs années d'évolution, à condition bien sûr que le diagnostic ait été fait précocement. Or les traitements peuvent être lourds et altérer de façon importante la qualité de vie sans un bénéfice réel sur la durée de vie. De plus on manque encore d'outils d'évaluation pour apprécier l'agressivité réelle de chaque tumeur et l'attitude ou le traitement le plus adapté à chaque cas.
Les diverses positions
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Association Française d'urologie
EN 2012, l'AFU (Association Française d'Urologie) dans une étude de l'ERSCPC propose aux populations ciblées : une information , et la pratique du PSA plus TR une fois par an de 50 à 75 ans
Si le PSA ou le TR (toucher rectal) sont anormaux, une consultation urologique est justifiée pour information sur les avantages et les risques des biopsies et des traitements.
-
Haute Autorité de santé (HAS)
En 1998 l' ANAES ne recommandait pas de dépistage systématique, même dans les populations à risque( antécédents familiaux et noirs antillais)
Comme elle l'avait conclu pour la population générale en 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) considère qu'il n'existe pas de preuve de l'intérêt du dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA chez les hommes sans symptôme considérés comme à plus « haut risque ». Cette conclusion s'appuie sur plusieurs constats :
- La difficulté de cerner les populations considérées comme « à haut risque » de cancer de la prostate
"En l'état actuel des connaissances, il existe de réelles difficultés à définir et à repérer des populations masculines à plus haut risque de développer un cancer de la prostate et à établir des niveaux de risque. Certains facteurs de risque génétiques et environnementaux de survenue de cancer de la prostate sont identifiés (et plus ou moins précisément établis dans la littérature) tels que des antécédents familiaux de ce cancer chez des parents du 1er degré (père, frère), une origine africaine, une exposition à certains agents chimiques. Mais il n'est pas possible de dire aujourd'hui comment ces différents facteurs interagissent, de considérer qu'ils se cumulent et donc de mesurer un niveau de risque de survenue de ce cancer. Par ailleurs, aucun élément dans la littérature ne permet de penser que les hommes avec des facteurs de risque développent des cancers de la prostate de forme plus grave ou d'évolution clinique plus rapide."
- Une balance bénéfices/ risques difficile à établir
"Une fréquence plus élevée de cancer de la prostate chez ces groupes d'hommes ne suffit pas à elle seule à justifier de l'intérêt d'un dépistage : en effet, il n'y a pas d'études démontrant l'efficacité du dépistage en termes de diminution de la mortalité dans une population d'hommes considérés comme plus à risque. Parallèlement, les hommes s'exposent aux inconvénients et risques du dosage sanguin du PSA (possibilité de faux positifs notamment) puis à ceux des biopsies de confirmation diagnostique (perte de sang dans les urines et le sperme, risque d'infections, de rétention urinaire, possibilité de faux négatifs) et enfin aux conséquences physiques et psychologiques liées aux traitements (troubles sexuels, urinaires, digestifs)."
Dans ce contexte d'incertitudes, la HAS insiste sur l'importance de l'information à apporter aux hommes envisageant la réalisation d'un dépistage individuel du cancer de la prostate afin que chaque homme puisse choisir de se faire dépister ou non en connaissance de cause.
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U.S. Preventive Services Task Force
Les américains ont très tôt propose le dépistage de masse par PSA et TR chez les hommes de plus de 55 ans.
Toutefois, en mai 2012, L'USPSTF ne recommandait pas le dépistage systématique du cancer de la prostate à l'aide du PSA.
L'USPSTF justifiait sa position de la façon suivante : «Le cancer de prostate est un problème de santé sérieux qui affecte des milliers des hommes et de leurs familles. Mais avant d'obtenir un test de PSA, tous les hommes méritent de savoir ce que la science nous indique au sujet du dépistage par le
PSA : il y a un avantage potentiel très petit et le potentiel négatif significatif. Nous encourageons les cliniciens à considérer cette évidence et ne pas dépister leurs patients à moins que ceux-ci comprenant les enjeux du dépistage par le PSA et prennent personnellement la décision d'un tel examen. »
Pour conclure
A la suite du dépistage, la prise en charge du cancer de la prostate prends en compte
- la différenciation histologique du cancer à partir d'une biopsie sur le score de Gleason. Certains cancers évoluent très lentement et ne modifient la mort naturelle du patient, d'autres évoluent vers la diffusion et la résistance aux traitements.
- l'évolution du cancer à faible potentiel évolutif en étudiant la cinétique des PSA.
- l'IRM de la prostate qui permet de repèrer les zones tumorales.