Contenu de la trousse à pharmacie
Que le groupe soit accompagné d'un médecin d'expédition chevronné, qu'il compte seulement un infirmier ou que ses membres n'aient que de vagues notions de secourisme, il est du devoir de son responsable de s'équiper d'un minimum de moyens.
Conditionnement
Le matériel médical est soumis à rude épreuve. L'originalité des moyens de transport (camion, mules, yacks, porteurs) qui le mènent à destination est pourvoyeur de dommages. Les écarts de température dénaturent certaines substances. Les sachets se détériorent, les
ampoules et les flacons se brisent, le matériel stérile se souille et les boîtes hermétiques se dilatent sous l'effet de la
dépression atmosphérique (engendrant des explosions fort contrariantes dans les avions mal pressurisés).
Le choix du conditionnement doit également tenir compte de l'encombrement et du poids des médicaments.
Contenant
Le bidon est d'usage courant, bien que ce ne soit pas le meilleur matériel de transport (ils sont ronds alors que les boîtes de rangement sont le plus souvent carrées ; et celle que l'on cherche, comme par hasard, est toujours au fond !)
Il est plutôt conseillé d'utiliser des valises plastifiées de couleur vive, possédant un système de fermeture fiable par code (on perd plus facilement les clés qu'un code) et une résistance à toute épreuve. Préférer des valises à ouverture horizontale pour accéder à chaque boîte sans être obligé de tout sortir.
Certaines valises type Explorer ou Pélican sont bien adaptées mais relativement lourdes et coûteuses ; on peut trouver plus économique en grande surface, mais moins solide.
Le rangement, pour être ergonomique, peut être facilité par l'utilisation de boîtes semi-rigides transparentes en matière plastique type Tupperware.
Leur acheminement se faisant en partie à dos d'homme ou d'animal, le poids des valises ne doit pas excéder 20 kg et elles doivent permettre leur arrimage.
Un listing en français et anglais parfaitement clair doit être affiché dans la valise.
Comment aménager sa trousse
Pour les expéditions sans médecin, il est préférable de classer les produits par symptôme (diarrhée, douleur abdominale, toux, etc.) On tâchera de sélectionner les médicaments les plus polyvalents pour éviter l'encombrement (exemple : antibiotiques à large spectre, azithromycine
Pour les grosses expéditions, la présence d'un médecin est justifiée et l'organisation de la pharmacie se fera par classe thérapeutique car le médecin connaît les différentes indications d'un même produit.
Pour une grosse expédition médicale, voici comment peut être segmenté « l'hôpital de campagne ».
Valise ou boite chirurgie
- matériel de petite chirurgie, sondage, méchage, drainage et suture.
- matériel de contention (attelles de membre, bandes adhésives, bandes résinées, collier cervical, béquilles…).
- pansement et désinfection.
- anesthésie locale et locorégionale.
- matériel d'extraction dentaire.
Valise ou boite médecine
- matériel d'examen : otoscope, stéthoscope, frontale, tensiomètre, spéculum, marteau réflexe…
- gastrologie : anti-diarrhéique, antiseptique intestinal, anti-vomitif, laxatif, anti-ulcéreux et pansement gastrique, anti-hémorroïdaire, taenicide.
- cardiologie : vasodilatateur, dérivé nitré, lidocaïne, cardiotonique, anti-calcique, diurétique.
- pneumologie : antitussif, mucofluidifiant, bêta mimétique, décongestionnant nasal et oropharyngé.
- anti-infectieux : pénicilline, quinolone, métronidazole, macrolide, quinine
- ophtalmologie : collyre antibiotique, collyre analgésique, pommade cicatrisante et antalgique, fluorescéine, fléchette, anti-allergique, larme en gel, compresse ophtalmique.
- dermatologie : gel anti-inflammatoire, crème cortisone, crème antibiotique, crème antiseptique, anti-parasitaire et anti-poux.
- sédation : antalgique mineur (acide salicylique et paracétamol), antalgique majeur (tramadol et nalbuphine), morphiniques, antispasmolytique (phloroglucinol et tiémonium), antalgique intermédiaire (dextropropoxyphène) anti-inflammatoire (kétoprofène), corticoïde (prednisolone orale ou betaméthasone injectable) anti-histaminique, anti-convulsivant et sédatif (benzodiazépine), somnifère.
Valise réanimation pour les expédiations lourdes
- liquide de perfusion (salé isotonique, glucosé, hyper salé).
- matériel de perfusion, voie veineuse centrale.
- matériel de drainage thoracique (uniquement si le médecin sait pratiquer le drainage thoracique).
- masque d'oxygénothérapie, canule de Guédel .
- matériel d'intubation ou tube laryngé (une alternative intéressante en milieu périlleux).
- tensiomètre, oxymètre digital, cardioscope miniature.
- oxygène médical avec détendeur caréné (2 litres à 200 Bar), ou kit d'oxygène portable (très discutable).
Pharmacie volante
- Petit matériel de pansement et de désinfection
- Antalgiques et médicaments contre l'œdème d'altitude
- Corticoïdes injectables (IM)
- Antibiotiques à spectre large
- Anti-vomitifs et anti-diarrhéiques
- Collyre sédatif et antiseptique
Oxygène
Pour les expéditions lourdes, l'équipement en oxygène constitue une problématique importante.
Plusieurs options se présentent :
- Emporter des bouteilles depuis le pays d'origine (dans ce cas, plusieurs mois avant le départ, prévoir le transport en avion cargo et s'attendre à un coût élevé).
- Demander à l'agence locale qui organise l'expédition de prévoir le nécessaire sur place.
- Ne pas emporter d'oxygène médical et utiliser en cas de besoin l'oxygène prévu pour l'ascension. Ces bouteilles, bien que tout aussi efficaces, ne sont pas validées « oxygène médical » et ne sont pas carénées pour assurer une réanimation lourde.
- Ne pas emporter d'oxygène médical, en considérant que la réanimation dans ce type d'expédition n'est pas concevable (solution la plus proche de la réalité)
- S'équiper d'un mini-kit portable qui n'autorisera pas une réanimation de longue durée utopique mais permettra de résoudre un problème aigu transitoire (apnée lors d'une anesthésie, crise d'asthme…).