Les papillomavirus sont responsables de quelles maladies ?
Ces virus qu'on appelle papillomavirus touchent la plupart d'entre
nous, mais heureusement le plus souvent sans causer de maladie.
Cependant, dans certains cas, ils peuvent être à l'origine de maladies.
Les
papillomavirus peuvent être à l'origine de ce qu'on appelle des verrues
génitales, qui peuvent survenir aussi bien chez l'homme que chez la
femme. Ce sont des verrues bénignes, mais souvent invalidantes et
difficiles à traiter. Ces verrues sont dues à des types de
papillomavirus spécifiques.
D'autres types de papillomavirus peuvent
être à l'origine de certains cancers des muqueuses : des cancers du col
de l'utérus, mais aussi des cancers de l'anus et de certains cancers de
la
gorge (amygdales en particulier). Ils sont aussi impliqués dans les
cancers moins fréquents, comme certains cancers de la vulve, du
vagin ou
du pénis.
Heureusement, cette transformation en cancer est rare,
mais on ne peut pas savoir à l'avance qui se débarrassera spontanément
du virus, et qui fera une maladie.
Comment est-on infecté par les papillomavirus ?
Le plus souvent, ces papillomavirus sont transmis par contact intime.
Quels sont les symptômes d'une infection par papillomavirus ?
La plupart d'entre nous ne se rend pas compte d'avoir été infecté. L'organisme se défend, il n'y a pas de symptômes, et l'infection disparaît dans les deux ans dans 90% des cas.
Dans certains cas seulement, le virus résiste aux défenses de l'organisme, reste plus longtemps et il peut apparaître des lésions bénignes comme les verrues génitales, mais aussi ce qu'on appelle des lésions précancéreuses du col de l'utérus. Ces dernières sont plus graves car ce sont de véritables bombes à retardement, prêtes à se transformer en véritable cancer. Malheureusement, à ce stade, la femme n'a aucun symptôme. Seul de dépistage pourra les détecter, et conduire à leur traitement le plus souvent par
chirurgie.
C'est toute l'importance du dépistage par frottis. Celui-ci se fait pour les femmes de 25 à 65 ans vaccinées ou non ; après 2 frottis normaux à un an d'intervalle, il est recommandé de faire un frottis tous les trois ans.
Après le traitement de lésion précancéreuse, le suivi devra être plus rapproché.
Quels sont les symptômes d'un cancer de l'utérus ?
Les symptômes sont toujours tardifs.
Il y a 2 types de cancer de l'utérus qui se manifestent tous les 2 par des saignements intempestifs.
Le cancer du col survient chez la femme le plus souvent avant la
ménopause et se manifeste par des saignements spontanés en dehors des règles ou lors de
rapports sexuels. Le dépistage par frottis permet de détecter les lésions précancéreuses
du
col de l'utérus et de les traiter avant qu'elles n'évoluent.
Le cancer de l’endomètre survient le plus souvent après la ménopause.
Comment agit le vaccin Gardasil ?
Le cancer de l'utérus est un cancer évitable, par le dépistage et la vaccination.
Il y a deux moyens complémentaires pour prévenir un
cancer du col de l'utérus :
-
Le frottis régulier chez les femmes de 25 à 65 ans, vaccinées ou non,
pour la détection d'une lésion anormale de la
muqueuse et son traitement
avant que le cancer ne se développe.
- La vaccination papillomavirus
chez les jeunes adolescentes. Elle prévient l'infection par les
papillomavirus les plus fréquents et les plus dangereux et donc à l'âge
adulte, les lésions précancéreuses et les cancers qui en sont la
conséquence.
Comment ça
marche ? Un vaccin papillomavirus comme
Gardasil contient ce qu'on appelle dans notre jargon, une "pseudo
particule virale". En fait c'est une particule qui ressemble comme deux
gouttes d'eau à un papillomavirus, mais qui en fait n'est qu'une «
coquille vide ». Une fois le vaccin injecté, l'organisme organise ses
défenses contre ce faux virus et produira des
anticorps pendant de
nombreuses années. Si un vrai papillomavirus attaque l'organisme, il lui
est impossible d'entrer dans la cellule, et il est neutralisé par les
anticorps. Le vaccin protège donc contre l'infection et ses
conséquences.
Mais attention, la vaccination papillomavirus ne
protègera pas contre tous les cancers du col. C'est pour cela que même
vaccinée, il faudra aussi se faire dépister régulièrement. Les deux
moyens de
prévention sont complémentaires.
Combien d'injections de vaccin Gardasil sont-elles nécessaires et à quel rythme ?
Pour que la vaccination soit le plus efficace, il faut la faire dès 14
ans et surtout 3 doses sont nécessaires (la deuxième 2 mois après la
première, la troisième 6 mois après la première). Il est important
d'avoir les 3 doses pour que la protection dure longtemps.
Toutefois,
si on a passé les délais pour la deuxième ou la 3ème injection, il
n'est pas nécessaire de tout recommencer. Mais il faut bien terminer le
schéma à trois doses pour être complètement protégée.
On constate que
la protection par le vaccin Gardasil est toujours aussi élevée après 10
ans, en particulier contre le virus HPV16 qui est le plus virulent. A
ce jour, la nécessité d'un éventuel rappel n'est pas établie.
Quel est le coût du vaccin et son remboursement par l'Assurance maladie ?
Une dose de vaccin Gardasil coûte 123€ (base 2012) ; elle est remboursée à hauteur
de 65% par l'Assurance maladie en France , le complément est le plus souvent pris
en charge par les Mutuelles. Le vaccin est pris en charge à 100% pour
les titulaires de la CMU.
Le vaccin Gardasil est-il bien toléré ?
Contrairement à un
médicament classique, un vaccin s'adresse à des
personnes en bonne santé. Il est donc essentiel qu'un vaccin soit bien
toléré.
Pour s'en assurer, le vaccin Gardasil a tout d'abord été
conçu pour que ce soit impossible qu'il transmette les maladies contre
lesquelles il doit protéger. C'est essentiel pour un vaccin contre le
cancer du col. Par ailleurs, les excipients qu'il contient sont des
excipients bien connus, pour avoir été utilisés depuis des dizaines
d'années dans des millions de doses de vaccins connus et bien tolérés,
comme des vaccins pédiatriques.
Ensuite, Gardasil a fait l'objet
avant sa commercialisation, d'un des plus larges programmes d'études
cliniques pour un vaccin pour démontrer son efficacité mais aussi
étudier sa tolérance. Ces études cliniques ont été faites sur 20 000
femmes suivies pendant plusieurs années. Les effets négatifs les plus
fréquents étaient des effets attendus : des réactions au point
d'injection ou de la
fièvre. Ces réactions sont le simple reflet du mode
d'action d'un vaccin qui met en route les défenses de l'organisme.
Concernant
d'autres effets négatifs, on n'en a pas constaté plus fréquemment chez
les sujets vaccinés que chez les sujets qui avaient reçu un "faux
vaccin" ou placebo. C'est sur la base de ces nombreuses données, que
Gardasil a reçu son
autorisation de mise sur le marché. Mais cela ne
s'arrête pas là.
Depuis la commercialisation du vaccin et comme
pour tout médicament ou vaccin, les Autorités de santé suivent les
réactions éventuelles des dizaines de millions de vaccinées dans la vie
réelle. Ces autorités françaises ou d'autres pays constatent la même
proportion d'effet négatif dans la population vaccinée que dans une
population non vaccinée du même âge.
C'est l'ensemble de ces
résultats d'étude, et d'autre encore, qui permettent de conclure que la
tolérance de la vaccination papillomavirus par Gardasil est
satisfaisante.
Pourquoi le vaccin Gardasil est-il recommandé entre 14 ans et la première année de rapport sexuel ?
Il n'est pas juste de dire que la vaccination HPV par Gardasil "est
recommandée entre 14 ans et la première année de rapport sexuel". Le
calendrier vaccinal 2012 nous dit que la vaccination papillomavirus "est
recommandée pour toutes les jeunes filles de 14 ans". Ce sont les
jeunes filles de cet âge qui avant tout doivent être vaccinées. On
recommande le vaccin à toutes les jeunes filles de 14 ans, car c'est à
cet âge que la vaccination sera la plus efficace, car le risque est
moindre qu'elles aient déjà eu un contact avec les papillomavirus ciblés
par le vaccin. Il est même souhaitable que la troisième injection soit
faite avant l'âge de 15 ans.
La notion de délai depuis le début
de
sexualité s'adresse seulement à des jeunes filles plus âgées. Il y a
des jeunes filles de 15 ou 18 ans qui n'ont pas débuté une vaccination à
14 ans et se demandent si elles peuvent toujours bénéficier de cette
protection par la vaccination papillomavirus. La réponse est clairement
oui chez les jeunes filles qui n'ont pas encore commencé leur vie
sexuelle. Chez les autres, et si le premier rapport sexuel de la jeune
fille date de moins d'un an, cela vaut encore la peine de la vacciner,
même si la protection risque de ne pas être aussi complète que dans le
cas précédent. C'est ce que nous dit le calendrier vaccinal.
Comment aborder le sujet de la vaccination Gardasil avec ma fille ?
L'échange que l'on peut avoir avec sa fille est différent selon son âge :
-
A 13-14 ans, je ne lui parlerais pas de sexualité. Je pense que ce
n'est pas pertinent chez ces jeunes adolescentes. Je lui dirais plutôt
qu'elle est une jeune fille qui aura la chance de devenir une jeune
femme et d'avoir des enfants si elle le souhaite. La conséquence est que
certains des organes qui serviront à porter un enfant peuvent avoir une
maladie comme le cancer du col de l'utérus. On ne peut pas savoir à
l'avance qui aura un tel cancer. Mais on peut prévenir une partie de ce
risque par un vaccin efficace et bien toléré, et qu'en tant que son père
(ou sa mère) j'aimerai qu'elle puisse en bénéficier.
- A 16-18
ans, la sexualité fait partie des préoccupations, y compris chez celles
qui n'ont pas encore eu de rapports : on peut lui parler de sexualité et
de virus. Le cancer du col de l'utérus touche 3000 femmes par an en
France, en tue 1000. Il est dû à un virus qui se transmet par voie
sexuelle. C'est pourtant un cancer évitable grâce au dépistage et à la
vaccination qui sont deux moyens complémentaires de prévention. Chaque
année en France, 30 000 femmes doivent subir une intervention
chirurgicale pour retirer des lésions précancéreuses du col de l'utérus.
Au-delà des frottis qu'elle devra faire régulièrement quand elle sera
adulte, des lésions précancéreuses et des cancers du col sont évitables
grâce à un vaccin efficace et bien toléré qui peut encore se faire (dans
certaines conditions) à son âge, si elle le souhaite. Je
l'encouragerais à en parler à son médecin, et je la laisserais prendre
sa décision, qui lui appartient.
Après la vaccination contre le Papillomavirus, faut-il continuer à se faire dépister par frottis ?
Oui. Dépistage et vaccination sont deux moyens de prévention
complémentaires qui ensemble, pourraient permettre au cancer du col de
l'utérus de devenir une maladie rare :
- Le dépistage par frottis
(tous les 3 ans de 25 ans et jusqu'à 65 ans). Ce dépistage a permis une
réduction importante des cancers du col. L'inconvénient est d'une part
que le frottis n'est pas infaillible, et d'autre part qu'il est souvent
difficile de le faire effectivement aussi souvent que recommandé. Il
permet de détecter des lésions précancéreuses et de les traiter avant
qu'elles se transforment en cancer. Après le traitement d'une lésion
précancéreuse, le suivi médical sera plus contraignant.
- La
vaccination : le vaccin papillomavirus cible des papillomavirus qui sont
responsables de 70% des cancers du col. L'inconvénient est qu'il ne
préviendra pas les 30% de cancers restants.
C'est pour ces
raisons que les 2 moyens de prévention sont complémentaires et que
vaccinée ou non, toute femme devra bien se faire dépister.
Quel est le nombre de jeunes femmes vaccinées dans le monde et en France par le Gardasil ?
Dans le monde, presque 90 millions de doses de Gardasil ont été
distribuées, donc plusieurs dizaines de millions de jeunes filles ont
déjà été vaccinées. En France, on estime que 2 millions de jeunes filles
ont débuté une vaccination papillomavirus par Gardasil.
Mais attention, pour qu'elles soient vraiment protégées, il faut qu'elles aient eu les trois doses de vaccin.
Le vaccin Gardasil est contesté en raison d'effets secondaires graves. Que répondez-vous ?
Tout d'abord, je dirais qu'il est important de comprendre que ce n'est
pas parce quelque chose survient quelques jours ou quelques mois après
une vaccination, que la vaccination est obligatoirement la cause de cet
évènement.
On peut bien sûr comprendre ces familles qui cherchent à
savoir pourquoi leur fille a débuté telle ou telle maladie inexpliquée,
alors qu'elle avait été vaccinée quelques jours ou quelques mois avant.
Ces familles se demandent si le vaccin ne serait pas en cause. On peut
comprendre cette démarche, mais scientifiquement, on ne peut pas être
d'accord avec de telles conclusions.
Prenez par exemple des maladies
banales comme une
appendicite (ou une entorse…). Il y a chaque semaine
des milliers de jeunes filles qui ont une appendicite en France. Parmi
celles-ci, on retrouvera certainement, par hasard, des jeunes filles qui
auront reçu une vaccination papillomavirus dans les semaines ou mois
précédents. Chacun comprendra que cette seule relation ne permet pas de
dire que la vaccination est la cause de la maladie. Pour montrer un lien
de cause à effet, il faudrait qu'il y ait plus de ces maladies (les
appendicites dans cet exemple) chez les jeunes filles vaccinées que chez
les non vaccinées.
Vous voyez que des conclusions ne peuvent pas
être tirées d'un seul ou de quelques cas, mais que des études à large
échelle sont nécessaires.
C'est ce que les études qui évaluent la
tolérance d'un vaccin recherchent à partir des données sur les millions
de personnes vaccinées, puis ces données sont évaluées par les
autorités sanitaires. C'est ce que fait en France l'Agence du
Médicament (ANSM) qui nous dit sur cette base, que le profil de sécurité
des vaccins papillomavirus est favorable. Elle nous dit par exemple que
ci certaines maladies auto-immunes ont été rapportées après
vaccination, leur nombre reste faible et surtout, c'est ce qui est
important, inférieur à celui attendu dans la population générale.
Les
évènements indésirables les plus fréquemment rapportés après
vaccination papillomavirus sont essentiellement de la fièvre et des
douleurs au point d'injection.
Il est important dans ce cadre de
rappeler les maladies graves prévenues par la vaccination. Il s'agit de
prévention d'un cancer. Le cancer du col de l'utérus tue prés de 1000
femmes chaque année en France et en touche 3000. Par ailleurs, 30 000
femmes sont hospitalisées chaque année pour des lésions précancéreuses
du col.
Quelle est la position de l'ANSM vis-à-vis du vaccin Gardasil ?
Plusieurs organismes français ont eu à se positionner sur le vaccin
Gardasil, et pas seulement l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du
Médicament).
- L'ANSM et l'Agence Européenne du Médicament, nous
disent que le vaccin Gardasil est bien toléré et efficace en prévention
du cancer du col de l'utérus mais aussi des lésions précancéreuses (du
col de l'utérus, de la
vulve et du vagin) et des verrues génitales.
-
Le Haut Conseil de la Santé Publique a déterminé que la vaccination
papillomavirus devait être inscrite au calendrier vaccinal. Il a
récemment revu toutes les données disponibles et non seulement a
confirmé l'intérêt de la vaccination, mais a recommandé que des mesures
soient prises pour augmenter la proportion des jeunes filles de 14 ans
vaccinées, dans toute la population.
- La HAS (Haute
Autorité de
Santé) l'a aussi évalué pour que le vaccin soit admis au remboursement
par l'Assurance maladie. Elle a elle aussi récemment confirmé ses
conclusions.