Point de départ
Le risque d'être en surpoids ou obèse à l'âge adulte est 2 fois plus élevé chez les enfants trop gros à un an que chez les autres.
A 1 an, vous avez bien lu ! L'obésité s'installe tôt, très tôt. Dès les premiers mois de sa vie, il fabrique son stock de masse grasse. Plus il mange plus il fabrique de cellules graisseuses ; plus il mange, plus celles-ci se gorgent de graisse.
Comment apprécier l’obésité ?
La différence entre un enfant trop gros, trop potelé ou normal est parfois délicate à apprécier à l'oeil nu, surtout quand il s'agit de son propre enfant. D'où l'importance de consulter régulièrement le pédiatre pour faire établir régulièrement ses courbes de poids et de croissance et les inscrire sur son carnet de santé. Il n'y a que ce regard extérieur du praticien qui peut, au cours de la surveillance de la croissance de l'enfant, diagnostiquer une obésité.
XObésité de l'enfant en vidéo
Surpoids et obésité: les repérer chez l'enfant et l'adolescent Le docteur Hélène Thibault, pédiatre, CHU de Bordeaux, présidente du groupe de travail, « Surpoids et obésité de l'enfant et l'adolescent » commentrepérer chez l'enfant et l'adolescent, le plus tôt possible et de façon régulière, les risques de développement d'obésité.
L'objectif est d'éviter la constitution d'une obésité et évidemment les risques qui y sont associés. | 1 vidéos |
Le rôle du médecin
C'est ce que fait le pédiatre grâce à plusieurs examens :
- La mesure de l'IMC (indice de masse corporelle) est faite en comparant la taille et le poids. Ainsi il peut savoir si l'enfant se situe ou non dans la norme.
- La surveillance de la courbe de poids : c'est elle qui permet de juger de l'évolution : une obésité ne se décrète pas sur un instantané, mais sur une progression. L'important, ce n'est pas le poids à un moment donné mais l'évolution de la courbe.
- La mesure des plis cutanés (bras, aisselle, flancs) à l'aide d'un compas permet d'apprécier la masse graisseuse.
- L'impédancemétrie (résistance de l'organisme au passage d'un courant électrique) qui est proportionnelle à la quantité de masse maigre permet de connaître la répartition du poids entre masse musculaire et masse graisseuse.
Le médecin sera alors amené à s'interroger sur ce surpoids. C'est pourquoi il interrogera les parents sur ce qui peut marquer une rupture dans la vie de l'enfant : une séparation, un changement d'école ou de lieu de vie, cette même rupture dont on voit les effets sur la courbe de poids. C'est à l'âge de 2 ans et de 6 ans que se situent les moments charnière de cette évolution, car ils sont prédictifs de ce qui pourrait se passer à l'âge adulte. Et c'est pour cela que le médecin sera particulièrement vigilant sur le poids à ces époques de la vie de l'enfant.
Pourquoi un enfant grossit-il ?
La génétique
Il y a le poids de la génétique : selon les chercheurs il y aurait pas loin de 200 gènes en cause dans l'obésité. Ces gènes sont dits de susceptibilité . Ce terme est très important car cela signifie que le destin de l'enfant n'est pas tracé comme une fatalité mais qu'en fonction de son environnement, ces gènes s'exprimeront ou ne s'exprimeront pas. Autrement dit, si l'enfant n'a pas tiré le bon stock de gènes à la loterie génétique, il peut très bien s'en sortir autrement.
L'environnement
L'hérédité n'est pas seule en cause : elle est certes, un facteur d'obésité, mais les spécialistes évoquent également parmi les causes d'autres éléments : les facteurs hormonaux, des troubles psychologiques, une absence d'activité physique et des repas irréguliers. Il est maintenant confirmé que les enfants obèses sautent souvent le déjeuner ou le goûter mais qu'ils grignotent tout au long de la journée. On sait qu'il faut au contraire avoir 4 repas équilibrés par jour pour éviter de grossir.
Par ailleurs, l'aspect psychologique est très important et se met en place très tôt. Lorsqu'une mère répond à tous les besoins et à toutes les plaintes de son bébé en lui donnant un biberon ou un biscuit pour se consoler, l'enfant finit par croire que la nourriture constitue le seul remède à son chagrin : au moindre stress il prendra l'habitude de manger pour se calmer. Il mangera de tout, partout, tout le temps.
Sans le savoir, bien des mères utilisent le biberon pour calmer l'enfant ou pour l'aider à s'endormir, ne mesurant pas alors que pour résoudre ces petits tracas relationnels, elles font de leur enfant un futur obèse. Les spécialistes mettent également en cause une alimentation diversifiée trop rapide avec une introduction trop précoce des protéines, qui pourraient favoriser l'embonpoint ultérieur.
Le problème de la croissance
Avec les enfants cependant, la question est plus compliquée puisqu'ils sont en période de croissance et qu'ils ont besoin de manger pour grandir. Par ailleurs, le jeune obèse, par définition, a des besoins liés à sa croissance qui font partie de ses dépenses quotidiennes. Mais lorsqu'il mange plus que ce qu'il n'utilise pour sa croissance et son fonctionnement, il stocke tout dans le tissu adipeux.
Risques
Si l'obésité inquiète, ce n'est pas par simple souci esthétique mais bien à cause des conséquences qu'elle peut entraîner pour la santé de l'enfant : son souffle est court, il peut faire de l'hypertension , sa charpente est à rude épreuve (problèmes orthopédiques, déformation des membres).
Mais cela peut aller plus loin encore : calculs biliaires , équilibre hormonal perturbé, sans même parler du look et des complexes !
En outre, cela hypothèque l'avenir : les personnes obèses ont 5 fois plus de risque de recevoir un traitement pour une hypertension, 9 fois plus de risques d'être traités pour un diabète , 3 fois plus de risque de présenter des troubles graves du métabolisme des graisses (excès de cholestérol, etc.).
Seule arme réelle, la prévention.
Prévention
Il ne s'agit pas de manger moins, mais de manger mieux. La diététique de l'enfant rond est en réalité très simple : jamais restrictive, mais raisonnablement limitative en quantité, toujours variée, et surtout structurée , au point qu'on hésite même à employer le terme de régime pour un enfant, car il est chargé de trop de contraintes, de monotonie, de rigidité, de normes et d'exclusion pour lui convenir.
Par ailleurs, rares sont les études qui constatent que les enfants petits obèses mangent vraiment beaucoup plus que les enfants normaux .
En revanche, de nombreuses études insistent sur les grignotages sans fin et sans faim, la déstructuration des repas, ainsi que le manque d'activité physique.
La prévention repose donc sur le comportement.