Point de départ
L'hypertension artérielle (HTA) chez la femme est la première cause de morbidité et de mortalité pour la mère et son enfant au cours de la de la grossesse.
Elle concerne 5 à 10 % des grossesses.
La tension artérielle (TA) normale est inférieure à 140/90.
Complications
Pour l'enfant : risque de retard de croissance intra utérin (RCIU), de prématurité...
Pour la mère : pré-éclampsie, accidents cardio-vasculaires, risque d'HTA chronique, récidive de l'HTA au cours d'une grossesse ultérieure.
Les complications à long terme pour les mères sont souvent sous estimées.
Suivi
Prendre la tension artérielle
Elle se fait à chaque consultation mensuelle au cours de la grossesse en position assise après 5 minutes de repos.
Elle est toujours accompagnée d'une recherche de protéine dans les
urines à l'aide d'une bandelette urinaire.
La TA est légère ou modérée si le premier chiffre est compris entre 140 et 159 ou le deuxième chiffre entre 90 et 109. Elle doit toujours être confirmée par la prise de la TA à domicile avec un appareil électronique.
Elle est sévère si le premier chiffre est égal ou supérieur à 160 ou le deuxième chiffre supérieur à 110.
Trois situations possibles
L'hypertension artérielle chronique est connue avant le début de grossesse ou constatée avant la 20e SA.
L'hypertension artérielle est découverte au cours de la grossesse et il n'y a pas de protéinurie après la 20e SA.
La pré-éclampsie se définit par une HTA, contrôlée ou non, avec une protéinurie anormale après la 20e SA.
Protéinurie
Si sur la bandelette la protéinurie est égale supérieure à 1+ (la bandelette indique des signes plus), il est nécessaire d'effectuer son dosage sur les premières urines du matin ou sur un recueil des urines pendant 24 heures.
La protéinurie est anormale si elle est supérieure à 300 mg/24h ou si le rapport protéinurie/créatininurie est supérieur ou égal à 30 mg/mmol ou = 300 mg/g.
Une protéinurie anormale après la 20e SA associée à une
hypertension artérielle contrôlée ou non chez la mère est une pré-éclampsie.
Conduite à tenir
En cas d'HTA légère, on recherche des
facteurs de risque : antécédent cardio-vasculaire,
diabète avant la grossesse, maladie rénale chronique ou facteurs de risque cardio-vasculaire avant d'initier un traitement.
En cas d'HTA sévère, le traitement est initié d'emblée.
Un carnet de suivi où les TA seront à chaque fois notées permets le contrôle de la TA et une meilleure coordination entre la femme et les différents intervenants médicaux.
En cas de pré-éclampsie un suivi particulier est instauré.
Chez les femmes qui ont eu au cours d'une grossesse précédente une pré-éclampsie, un traitement par
aspirine à faible dose est initié à la fin du premier trimestre et au plus tard avant la 20 SA
A distance de l’accouchement
La femme doit bénéficier d'une surveillance de la pression artérielle (même si la pression artérielle est redevenue normale après l'accouchement), de la créatinémie et de la protéinurie car il y a un lien entre l'HTA pendant la grossesse et le risque cardio-vasculaire et rénal.
Les facteurs de risque cardio-vasculaires et rénaux doivent être recherchés et les mesures de
prévention recommandées.
Il faut rechercher une cause à cette hypertension artérielle.
Si nécessaire le traitement anti-hypertenseur est adapté.
Avant la grossesse suivante
Si la femme a eu une hypertension gestationnelle durant la grossesse précédente ou une HTA chronique, une consultation pré- conceptionnelle est nécessaire.
Elle s'assure que la TA est normale ou contrôlée et qu'un bilan étiologique de l'HTA a été réalisé.
En cas d' HTA sévère, le projet de grossesse doit être différé.
La femme est informée que la grossesse suivante nécessitera un suivi particulier entre les différents intervenants de santé, médecin généraliste, gynécologue ou sage femme et maternité.
Les risques d'une nouvelle grossesse sont à nouveau expliquer : récidive d'HTA, de pré-éclampsie, de RCIU, de prématurité...
Référence
Consensus d'experts de la Société Française d'Hypertension Artérielle (SFHTA), décembre 2015, www.sfhta.org