Point de départ
- C'est d'abord un mot très galvaudé, parfois détourné de son sens, mais dans lequel il existe bel et bien la notion d'imaginaire. On peut l'envisager comme une sorte de représentation (comme une pièce de théâtre ou un film) où les personnages sont fictifs ou réels, mais qui restent en permanence soumis à la volonté de celui qui les imagine.
- On ne peut donc pas imposer un fantasme à quelqu'un. C'est très personnel et correspond à la façon dont son propre esprit est construit et organisé.
- Ce qui est évoqué dans les fantasmes a un goût d'interdit et est réprouvé par la morale (voyeurisme, exhibitionnisme, zoophilie). Tout cela explique que les fantasmes sont des sujets tabous et peuvent culpabiliser celui (celle) qui l'évoque. Le fantasme est pourtant un moteur du désir et un moyen que nous avons de laisser vivre des pulsions sans pour autant passer à l'acte : c'est le cas du fantasme du viol ou de l'inceste.
- C'est enfin un moyen de faire oeuvre créatrice.
Les principaux fantasmes
Il existe beaucoup de fantasmes et il est impossible de les décrire tous ou de tenter de les regrouper car ils dépendent de la personnalité de chacun. Toutefois ceux qui activent le plus l'imaginaire et le désir sexuel sont : la triangulation (l'amour d'un couple avec un tiers), le sadomasochisme, le fantasme homosexuel.
- La triangulation. Dans le fantasme, la tierce personne peut être active (elle participe au rapport du couple) ou passive (elle ne fait que l'observer). Par exemple, la femme imagine qu'elle assiste à une scène où son mari fait l'amour à sa meilleure amie ; ou bien l'homme s'imagine qu'un autre homme prend sa femme en même temps que lui. Cette triangulation peut s'étendre à d'autres couples (fantasme de partouze).
- Le sadomasochisme. Le fantasme se nourrit de l'idée que l'on violente ou que l'on se fait violenter par une ou plusieurs personnes. Le fantasme peut être sans aucune limite, certaines personnes se représentant des scènes d'une violence terrible qu'elle jugerait insupportable si elles y assistaient dans la vie quotidienne. Les frontières entre douleur et volupté sont totalement abolies et la jouissance vient de cette union douleur - plaisir.
- Le fantasme homosexuel. Il peut rentrer dans le cadre :
Soit d'un fantasme de triangulation (l'homme imagine que sa femme a une relation devant lui avec une autre femme).
Soit dans le cadre d'un rapport strictement homosexuel (la femme imagine au cours de la relation sexuelle ou de la
masturbation qu'elle a un rapport avec une autre femme).
- L'exhibitionnisme et le voyeurisme. Il font partie des fantasmes : voir ou être vu pendant qu'on fait l'amour. Mais son passage à l'acte dans un lieu public constitue une déviance sexuelle punie par la loi.
- La sexualité de groupe. Elle est un fantasme et peut être une pratique sexuelle source d'excitation. Cette pratique s'accompagne souvent d'échangisme entre les couples.
Quelques questions
Y a t-il une différence entre les fantasmes masculins et féminins ?
- L'homme serait plus visuel et génital : l'homme est excité par la vision du sexe ou des scènes de sexe, par les films ou images érotiques ;
- La femme serait plus sensible aux parfums, à la musique, à l'alcool, à un amant imaginaire, à la notion d'interdit.
À quoi sert le fantasme ?
Il déclenche le désir sexuel. Il intensifie le plaisir sexuel en évoquant nos pulsions inconscientes (voyeurisme, exhibitionnisme, fétichisme, sadomasochisme). Il nous épargne d'avoir à assouvir dans la réalité nos pulsions : imaginer une scène de viol dont on est l'acteur nous évite d'avoir à la réaliser.
Est-ce normal d'avoir des fantasmes ?
C'est le contraire qui serait plutôt inquiétant. Il est sain et normal d'avoir des fantasmes et d'après ce que l'on vient de dire, c'est grâce à eux que l'on peut vivre nos pulsions.
Est-il normal d'avoir des pulsions ?
Cela fait partie de notre nature humaine. Il n'est pas un être humain qui échappe aux pulsions. Mais vivre en société impose de savoir les maitriser. Et cela aussi est normal.
Faut-il réaliser ses fantasmes ?
Les divers témoignages montrent deux inconvénients. D'abord il fait perdre au fantasme sa valeur de fantasme : on ne peut fantasmer que sur ce qui n'a pas été réalisé. Ensuite, il risque d'introduire dans le couple des conflits, car ce qu'on accepte de l'autre dans l'imaginaire (être trompée par son mari par ex.), on n'est pas forcément prêt à l'accepter dans le réel. Enfin certains fantasmes ne sont pas réalisables. Autant certains fantasmes n'ont pas de conséquence nuisible pour la personne qui en est l'objet (triangulation), autant d'autres deviennent de véritables déviances sexuelles (pédophilie, viol etc. sont punis par la loi). Beaucoup d'individus apparemment bien équilibrés ne peuvent aboutir à l'orgasme qu'au travers d'une déviance qu'ils ont faite à partir de leurs fantasmes.
Un fantasme devient déviant lorsque son passage a l'acte nuit a autrui telle que la morale de la société l'a défini.