Epidémiologie
Avec 40 000 nouveaux cas par an en France, le
cancer du poumon n'est pas le plus fréquent. Néanmoins, il est le plus souvent mortel puisqu'il entraîne 30 000 décès chaque année.
Le profil des personnes touchées a sensiblement changé : les femmes et les non-fumeurs ne sont pas épargnés.
• Le nombre de femmes continue à augmenter, alors que celui des hommes a atteint un plateau Chez les femmes, il est possible que la prise de traitements à visée hormonale,
pilule ou
traitement hormonal substitutif de la ménopause, joue un rôle de cofacteur de risque. Ce n'est pas encore prouvé de manière formelle, mais cela fait partie des pistes sur lesquelles on travaille.
• La deuxième tendance, c'est la proportion croissante de non fumeurs, même si le
tabac reste la cause numéro 1 du cancer du poumon. Actuellement, les non-fumeurs représentent environ 20% des femmes et 10% des hommes atteints. Cette évolution suggère l'existence de nouveaux facteurs de risque, parmi lesquels le tabagisme passif, et la
pollution environnementale au sens large.
Une dernière évolution porte sur les types de cancers rencontrés. Avant, c'étaient plutôt des cancers épidermoïdes, proximaux, chez des fumeurs de cigarettes sans filtre. Aujourd'hui, avec le développement des cigarettes lights et parfumées, nous diagnostiquons plus souvent des adénocarcinomes très distaux dans l'arbre bronchique, parce que l'inhalation de la fumée est plus profonde.
Dépistage
Dans tous les cas, un diagnostic précoce optimise les chances de guérison. Une très grande étude, qui a rassemblé plus de cinquante mille personnes, a montré que la pratique d'un scanner annuel pendant trois ans permettait de dépister le cancer du poumon et de réduire la mortalité de 20%.
Néanmoins, faire un scanner annuel à tous les fumeurs serait excessif. Nous en ferions beaucoup pour rien. D'autre part, cet examen peut aussi déceler des anomalies non cancéreuses, une situation anxiogène pour le patient et qui aboutie de nouveaux examens complémentaires, non dénués de risques.
Très récemment, une équipe du CHU de Nice a publié une étude sur la détection dans le
sang de cellules tumorales circulantes, 1 à 4 ans avant que le cancer du poumon ne devienne visible sur le scanner. C'est une technique intéressante, mais nous n'avons pas encore assez de recul pour l'utiliser dans le cadre d'un dépistage de masse. Différents travaux sont en cours sur ce type de dépistage, par une
prise de sang. Pouvoir compléter le scanner par des tests biologiques serait bien sûr l'idéal.
Traitements
A l'étape du traitement, de grands progrès récents sont à retenir.
• Le premier concerne la
chimiothérapie. Elle reste le traitement de référence du cancer du poumon. Il n'y a pas eu de nouvelles molécules depuis cinq ans, mais de nouvelles stratégies sont apparues, en particulier des traitements de maintenance dans le cancer du poumon métastatique : le patient bénéficie d'une chimiothérapie moins toxique, donnée plus longtemps, avec un bénéfice en termes de survie.
• Les thérapies dites « ciblées » ont également beaucoup progressé. Leur principe est d'utiliser un
médicament dirigé
contre une anomalie spécifique des cellules de la tumeur, pour une efficacité maximale. Il épargne les cellules saines, d'où une réduction des effets indésirables. C'est un domaine qui avance très vite, avec chaque année la découverte de nouvelles anomalies moléculaires et de nouveaux traitements. La France est en pointe dans ce domaine grâce à l'impulsion donnée par l'Institut National du Cancer. Dans le cancer du poumon, quatre thérapies ciblées ont déjà obtenu leur
autorisation de mise sur le marché. D'autres sont en développement, pour les nouveaux marqueurs identifiés récemment. Fait unique au monde : en France, tout patient avec un cancer du poumon métastatique bénéficie d'une recherche de ces biomarqueurs. Actuellement, environ un tiers des fumeurs et deux tiers des non-fumeurs atteints d'un cancer du poumon métastatique ont une anomalie génétique qui peut les orienter vers une thérapie ciblée.
• Une autre voie de traitement, l'immunothérapie, pourrait s'adresser à un nombre encore plus grand de patients. Elle s'attache à bloquer les barrières mise en place par la
tumeur pour ne pas être reconnue (et donc éliminée) par le système immunitaire. Ce concept n'est pas nouveau, mais pour la première fois des résultats prometteurs d'essais cliniques dans le cancer du poumon ont été publiés ces deux dernières années.
Soins de support
La prise en charge diététique, psychologique ou encore de la douleur ont connu des progrès importants. Si les nouveaux
médicaments peuvent être efficaces, c'est aussi parce qu'ils sont associés à ces soins.