Qu'est ce que la sexologie ?
La Sexologie est une science inter et transdisciplinaire, étudiant la Sexualité humaine, dans tous ses aspects, qu'ils soient physiques, biologiques, urologiques, andrologiques, gynécologiques, psychologiques, psychanalytiques, sociologiques, etc...... Cette science est née à la fin du 19e siècle avec des auteurs comme Richard von Krafft-ebing psychiatre autrichien ou Havelock Ellis, avant la contribution de Sigmund Freud. En pratique quotidienne, la Sexologie et le Sexologue prennent en charge les personnes qui ont un problème sexuel, une dysfonction, pour essayer de les résoudre, par divers types possibles de thérapies. Il s'agit d'une sexothérapie.
A l'origine, la sexualité avait pour objectif essentiellement la reproduction. Avec l'évolution de la société, quels sont les différents aspects qui sont maintenant considérés ?
Evidemment, mais finalement assez peu souvent, le Sexologue va aborder les problèmes exclusivement physiques, biologiques, urologiques, gynécologiques. En général, le praticien va, à cette occasion, envisager la globalité de la sexualité du patient , pour remettre le problème en perspective.
Et puis, la Sexologie intervient beaucoup et surtout dans la relation de "couple", ce terme étant entendu dans un sens très large. Bien sûr, quelqu'un va souvent consulter seul un sexologue, mais l'intervention sexologique se fait assez fréquemment au
sein de la relation, pour essayer d'en améliorer le fonctionnement, découvrir où cela bloque, même si l'origine peut en être lointaine et dissociée par rapport à ce "couple " là. Même lorsqu'un homme a un problème d'érection lié à une prostatectomie, la sexologie essaie d'aider celui-ci à retrouver une forme de sexualité ou une autre au sein de son histoire.
Enfin, il y a une partie des patients qui consultent pour poser des questions d'ordre moral sur la sexualité (est-ce bien, ou pas, est ce normal ou pas ...)
Quels sont les médecins/spécialistes traitant de sexualité ?
La Sexologie s'intéressant à toutes les composantes de la sexualité, tous les médecins spécialistes abordant une partie de cette question dans leur consultation vont en parler. Les médecins généralistes, les gynécologues, les urologues, les andrologues, les psychologues et psychothérapeutes. C'est un peu plus rare pour le psychiatre, le cardiologue ou l'angiologue, même si cela peut les concerner. Le Sexologue est, normalement, celui qui a une
vision intégrative de la discipline et réunit tous ces différents aspects.
Quelles sont les différentes approches thérapeutiques d'un médecin-sexologue, un psychologue-sexologue et un sexothérapeute ?
Par facilité, on dira que " sexothérapeute " et " sexologue «, c'est la même chose. Et ils englobent les sous-groupes de " médecin -sexologue " et " psycho-sexologue ".
La différence entre les 2 est qu'un médecin peut prescrire un traitement quel qu'il soit, tandis qu'un psychologue n'en a pas la capacité. Mais la prise en charge psychothérapeutique peut, parfois, et bien souvent, être la même.
Comment choisir le médecin/spécialiste qui convient pour traiter d'un problème de sexualité ?
Devant tout problème lié au sexe, à la sexualité, je conseille de voir un médecin-sexologue. Car, dans bien des cas, les patients vont voir, spontanément, ou après passage chez leur médecin généraliste, un spécialiste : urologue, gynéco. Ils ont alors souvent des réponses purement physico-biologiques ... Un médecin-sexologue pourra tout autant leur apporter ce genre de réponse. Quitte à compléter si besoin par une consultation avec ce type de spécialiste si besoin par la suite.
Quels sont les signes de difficultés sexuelles qui doivent alerter et faire consulter ?
Tout signe, tout questionnement que le patient ressent en lui comme n'étant pas normal doit le pousser à consulter. Le plus tôt possible. Il vaut mieux désamorcer un problème dès son apparition. Même si cela se règle finalement très vite. Certains signes disparaissent très facilement en en parlant avec un praticien. Les problèmes qui s'enkystent pendant des années font que l'on met en place en soi et dans ses relations tellement de stratégies d'évitement qui peuvent parfois être plus longues à supprimer.
A partir de quel âge un jeune peut-il raisonnablement consulter pour des problèmes sexuels ? Et un adulte, jusqu'à quel âge ?
Il n'y a pas d'âge ! On peut répondre à des questions qu'un adolescent se pose sur sa sexualité naissante. Le rassurer. Bien sûr, rien n'est définitivement fixé à ces âges. Mais il pourra trouver des clés pour éviter de se fourvoyer parfois et de penser ou agir de manière erronée.
Quels sont les troubles sexuels propres à chaque âge, homme et femme ?
Assez souvent, dès le début de la vie sexuelle, un homme peut souffrir d'éjaculation prématurée. Ensuite, s'il est en " couple "un certain temps peuvent survenir des troubles du
désir sexuel. Enfin, avec l'âge, la dysfonction érectile put l'affecter.
Pour une femme, le
vaginisme ou les vulvodynies (douleurs vulvaires) sont fréquents au commencement de la sexualité. Puis les troubles du désir dans le couple et/ou Désir Sexuel Hypo actif.
Quels sont les troubles sexuels pour lesquels on consulte le plus fréquemment un spécialiste ?
Le plus fréquent des motifs de consultations est la dysfonction érectile, surtout depuis 10ans qu'il existe des traitements disponibles. Il y a aussi l'Éjaculation prématurée puisqu'elle toucherait près de 25 à 30% des hommes hétérosexuels.
Ensuite viennent les troubles du désir sexuels et les vulvodynies.
Est-il plus efficace, dans le cadre de troubles sexuels, de consulter avec son partenaire ?
Tout dépend vraiment de la dysfonction sexuelle dont il s'agit.
Beaucoup de personnes viennent seules pour consulter.
En fait, lorsqu'on avance dans les consultations, on se rend compte qu'il serait bien utile que le ou la partenaire soit présent. Car souvent des mécanismes se mettent en place au sein du couple.
Ce serait très bien que toute personne qui consulte vienne avec le partenaire, quitte à évaluer ensuite qu'un seul fasse la thérapie sexologique.
Pour traiter un trouble sexuel, comment fait-on la part entre un problème mécanique et/ou un problème psychologique ?
Il faut déjà voir que, de toute façon, il y a toujours une part psychologique à un trouble sexuel. En effet, lorsqu'un problème sexuel survient, très rapidement, il y a une perte de confiance en soi, une diminution de l'estime de soi, une
anxiété d'anticipation, etc... Même si ce problème n'est "que" mécanique, il y a un retentissement psychologique.
Pour faire la part du mécanique, on peut faire des bilans aussi bien biologique qu'échographiste par exemple. L'âge intervient aussi pouvant être à l'origine de troubles physiologiques à répercutions sexuelles.
Quels sont les méthodes thérapeutiques utilisées dans le domaine des troubles sexuels ?
Les méthodes thérapeutiques utilisées sont très variées. Il y en a déjà autant qu'il y a de méthodes utilisées en
psychothérapies . Ensuite il en existe aussi certaines de plus spécifiquement sexuelles. Comme la Thérapie Sexo Fonctionnelle qui utilise l'imbrication du corps et du psychique dans la sphère sexuelle. L'hypnose peut être utilisée. La médication a parfois un intérêt dans certains troubles. Etc...etc....
Quelle est la durée moyenne d'un traitement de sexothérapie ?
Les sexothérapies se doivent ou devraient en général être des " thérapies brèves «. Cela signifie que, normalement, on ne part pas , comme dans une psychanalyse, pour des années et des années.
Si on trouve un trouble psychique plus spécifique à l'origine du trouble sexuel, on peut aiguiller vers une psychothérapie classique. Mais le plus souvent les thérapies sexuelles durent plusieurs mois, pouvant aller jusqu'à un an ou 2 , vraiment au maximum.
Quelle différence faites-vous entre trouble sexuel et dérive ou déviance sexuelle ?
La notion de " dérive " ou " déviance " sexuelle est une notion de morale, avec un
jugement de valeur .
En Sexologie, nous ne traitons pas des " valeurs morales ". Nous traitons des patients qui présentent un trouble sexuel, en référence à ce qui, aujourd'hui, est considéré comme trouble sexuel.
Ainsi, un patient qui vient consulter parce qu'il souffre du fait de se masturber, nous allons le déculpabiliser sur cette pratique et essayer de comprendre pourquoi il en souffre et voir comment faire pour qu'il n'en souffre plus.
Un patient qui consulte parce qu'il se masturberait 6 fois / jour et qui en souffre, nous allons travailler avec lui pour comprendre ce qu'il trouve dans cette compulsion à laquelle il répond, qu'est ce que cela vient dire sur lui et là aussi agir pour qu'il n'en souffre plus (alors plutôt en diminuant l'agir et en le dirigeant vers une sexualité plus épanouissante pour lui , bien sûr)
De nombreux patients et patientes consultent pour des questions d'ordre morale (par exemple sur des pratiques comme la
sodomie ou l'échangisme ), parce que les médias et le milieu ambiant semblent dire qu'il faut avoir ces pratiques pour être épanouis. Nous travaillons avec eux la question de voir si cela leur correspond vraiment, s'ils en souffrent ou si cela leur est imposé.
Alors, il est vrai qu'il y a 50 ans le discours aurait été autre......
La notion de dérive sexuelle évolue-t-elle?
L'homosexualité était "rangée" dans les manuels de
psychiatrie dans les "perversions d'objet sexuel " et figurait auprès de l'OMS dans liste des pathologies, des maladies psychiatriques. Tout ceci a été modifié et supprimé.
Les connaissances scientifiques et psychologiques avancent, peu à peu, à mesure avec le temps.
Ce qui est vrai à une époque ne l'est plus des décennies plus tard .C'est vrai pour tous les domaines. On ne traite plus toutes les maladies par des saignées, fort heureusement. L'autisme n'est pas seulement un problème de lien pathologique entre la mère et l'enfant. Fort heureusement.
On estime que les connaissances médicales se renouvellent de 20% par an !
Ce n'est donc pas qu'une question d'hédonisme ambiant. Mais de savoir scientifique reposant sur des analyses plus approfondies et plus seulement sur des jugements de valeurs de sommités qui un jour " ont dit que.... " .
Les mœurs, la société, chaque être humain évoluent, avancent.
La
masturbation toujours condamnée par l'Eglise ne l'est plus par la Société. Mais il existe encore des pays où l'homosexualité signifie " peine de mort " !
Et il est vrai que depuis le 18e siècle avance peu à peu un individualisme de plus en plus important qui a fait que l'être humain s'est désolidarisé de l'église par exemple. Les connaissances scientifiques ont rendu chaque Etre Humain unique . Indépendant et peu à peu Autonome. Avec de - en - de normes fortes , de contraintes absolues. Chacun doit trouver SA voie . Doit s'épanouir . On ne peut que s'en réjouir.
Ensuite, à chacun d'avoir ses propres valeurs et de les suivre, tant qu'elles n'enferment pas, tant qu'elles ne font pas souffrir la personne ni l'entourage.
La
psychologie et la sexologie ont pour but de libérer l'humain de ses carcans et souffrances. Pas de donner de nouvelles normes.
Chaque Etre Humain garde « SA » norme. Et on voit bien comment, finalement, malgré un " hédonisme ambiant ", la jeune génération croit toujours et encore à l'Amour, au Prince charmant, etc.... Cela complique juste les rapports sociaux et nécessite de trouver de nouveaux ajustements.
Chaque culture a ses propres pratiques érotiques, selon ses croyances, ses valeurs, ses représentations sexuelles. Comment définissez-vous une sexualité « normale » et épanouie ?
La " normalité «, intrinsèquement n'existe pas. Chacun a sa propre grille de
lecture. En fonction de son histoire, de son éducation, de là où il a été élevé, de ses rencontres, de ses apprentissages . Ce qui est " normal " pour l'un ne l'est pas pour l'Autre. Et cela est très important à comprendre pour saisir l'Altérité de son ou sa partenaire. Cela occasionne bien des soucis de " couple «.
De la même manière, l'épanouissement est une donnée toute relative. Mais il est vrai que nos sociétés occidentales prônent l'épanouissement personnel, dans toutes les composantes de notre vie et donc dans celle sexuelle.
Bien souvent, est édicté en " norme " ce que certains journalistes ou médias vont déclarer comme " bon «, ou " bien «, dans le moment présent.
Cela occasionne de nombreuses questions de la part de certains patients. Il " faut " être " open», s'adonner à " l'échangisme ", etc....
Alors qu'il n'y a, bien sûr, AUCUNE obligation à rien.
Il est important de sentir au fond de soi si cela est quelque chose qui nous convient ou pas. Quoi que ce soit. De nombreuses personnes font certaines choses en sexualité parce que leur partenaire dit qu'il faut le faire, parce que tout le monde le fait. Ceci est éminemment à discuter.
Nous sommes aussi là pour faire comprendre aux consultants ce qui est bon POUR lui ou elle.