JEUNES ATTEINTS DU VIH
Le rapport global de l'OMS 2012 dénombre 260 000 enfants de moins de quinze ans nouvellement infectés en 2012, dont plus de 90% par transmission verticale (mère/enfant), pour un nombre total de 3.3 millions d'enfants infectés. Malgré une diminution constante du nombre de nouvelles infections chez l'enfant depuis plusieurs années, ce chiffre reste élevé en raison des difficultés dans les pays du Sud à la fois de mise en place d'un parcours de santé optimal associant un accès large des femmes enceintes au dépistage du VIH, au suivi médical régulier de leur
grossesse et à un traitement par antirétroviraux ainsi qu'un accès des nourrissons au traitement prophylactique antiviral et au dépistage précoce du VIH.
En France, environ 1 500 enfants et adolescents sont suivis dans des centres hospitaliers pédiatriques spécialisés pour une
infection à VIH. Actuellement, plus de la moitié des enfants infectés par transmission virale mère-enfant, c'est-à-dire à la naissance, ont atteint l'âge adulte.
Les adolescents infectés par voie sexuelle après l'âge de quinze ans (une centaine de nouvelles infections estimée chaque année) sont généralement suivis en service adulte plutôt que dans des services de
pédiatrie.
TRANSMISSION MERE/ENFANT
Le risque de transmission estimé à plus de 20% à la fin des années 1980 (avant la généralisation des antirétroviraux chez les femmes enceintes) a été réduit à 2.2% en 1997-98 et à 0.4% en 2009-2011 selon l'enquête périnatale française. Chaque année 10 à 15 diagnostics d'infection à VIH sont posés chez des nourrissons nés en France. Les raisons de ces cas résiduels de transmission peuvent être multiples : femmes enceintes en rupture de soins,
absence ou retard de dépistage du VIH chez la mère pendant sa grossesse,
contamination maternelle pendant la grossesse ou l'allaitement.
TRAITEMENT PRECOCE
Le diagnostic de l'infection à VIH chez le
nouveau-né repose sur la recherche directe du
virus par PCR (mesure de la charge virale). Quand ce test reste négatif à l'âge de six mois, il permet d'affirmer que l'enfant n'est pas infecté. Par contre, chez les nourrissons infectés, on sait qu'environ 15% d'entre eux vont subir une progression extrêmement rapide de la maladie, avec notamment des symptômes neurologiques, un déficit immunitaire profond et un risque élevé de décès avant deux ans. Par conséquent, dès qu'une infection au VIH est diagnostiquée chez un nourrisson, un traitement antirétroviral est systématiquement débuté le plus rapidement possible.
ORPHELINS
La cohorte ANRS C010 indique que 28% des adolescents âgés de 11 à 17 ans ont perdu leur mère. Ces adolescents vivent parfois chez l'un de leurs parents ou dans leur famille avec un oncle, une tante ou des grands-parents. Il y a maintenant moins d'orphelins qu'auparavant, notamment grâce au développement considérable des antirétroviraux disponibles pour traiter leurs parents.
ANNONCE DU DIAGNOSTIC
L'annonce du diagnostic est un moment délicat car elle renvoie les jeunes orphelins à une histoire familiale douloureuse. L'annonce de la
séropositivité de l'enfant/adolescent se fait généralement en plusieurs temps : - avant 10-11 ans, une annonce partielle est faite évoquant la notion de déficit immunitaire, sans nommer le virus ou la maladie ; - après 11 ans, vers l'âge du début du collège, on nomme le virus et on en reparle régulièrement en fonction des préoccupations de l'adolescent, de son niveau de maturité, de ses questions et de son développement. Le but est d'informer les ados avant le début de leur vie sexuelle.
TRITHERAPIES A DOSAGE PEDIATRIQUE
Il faut être particulièrement vigilant avec l'utilisation de certaines molécules chez un enfant en période de développement et de croissance, et notamment à la survenue de potentiels effets indésirables de ces traitements prescrits pendant de très longues périodes. Des progrès restent à faire dans le développement d'antirétroviraux spécifiquement adaptés aux enfants, et notamment de formes combinées de deux ou trois-en-un, plus faciles à prendre.
ACCES AUX SOINS
En France, les enfants bénéficient d'un accès gratuit aux soins et à l'ensemble des
médicaments antirétroviraux pédiatriques commercialisés. Malgré des progrès, il reste toujours un retard quant à l'offre et la diversité des médicaments pédiatriques si l'on compare à ceux disponibles pour les adultes. Selon le rapport de l'OMS 2011, les enfants représentent 14% de la population séropositive ayant besoin d'antirétroviraux, mais ils ne constituent que 7% des personnes recevant effectivement les médicaments. La couverture pédiatrique (23%) n'atteint pas la moitié de celle des adultes. Ces chiffres s'expliquent notamment par le fait que beaucoup de pays du Sud n'ont pas accès aux formules pédiatriques des antirétroviraux.
TAUX D'ECHEC THERAPEUTIQUE
Au Nord comme au Sud, le taux d'échec thérapeutique reste plus élevé chez les enfants que chez les adultes (88.5% des patients adultes ont une
charge virale contrôlée selon une enquête ANRS-Vespa2 de 2013). Les raisons sont multiples : - prendre chaque jour un traitement, à vie, est plus compliqué pour un enfant/adolescent ; - la situation de précarité des parents d'enfants séropositifs vivant en France est un obstacle à la prise quotidienne des traitements.