Mon mari, 66 ans, tétraplégique traumatique depuis 48 ans, a une
bradycardie connue à 48 pulsations. A la suite d'un mini AVC (1 heure), il a eu une série d'examens, tous normaux, mais la cardiologue a voulu explorer en plus, une éventuelle
arythmie par la pose d'un holter, et a mis en évidence des pauses cardiaques nocturnes assez nombreuses. La plus longue a 8 scd, mais sans aucun signe clinique. Mon mari souhaite attendre avant de se faire poser une pile, puisqu'il n'y a aucun signal d'alerte, et va d'abord explorer une très forte probabilité d'apnée du
sommeil. Ma question est : une importante
apnée du sommeil peut-elle aggraver des problèmes cardiaques, et en particulier, les apnées du sommeil peuvent-elles entraîner des pauses cardiaques nocturnes ? Merci de votre réponse, notre contexte étant particulier à cause du handicap, toute intervention, même minime chez les valides, risque de remettre en cause un
équilibre très précaire. Nous espérons que le traitement de l'apnée améliorera le problème cardiaque.
La réponse de notre spécialiste
Bonjour, en fait les deux problèmes sont indépendants, mais l'un peut réagir sur l'autre, je vous explique : 1. Dans cette bradycardie dont souffre votre mari, le problème est que le
holter a mis en évidence des pauses importantes. On peut supposer que sur son électrocardiogramme il existe ce qu'on appelle un
bloc auriculoventriculaire, c'est à dire un mauvais passage du courant électrique. Ce problème qui est à l'origine de pauses cardiaques nécessite un
pacemaker car autant cela ne pose pas de problème au cours du sommeil, autant cela peut en poser au cours de la journée avec des malaises et pertes de connaissance, ce qui n'a pas été le cas apparemment jusqu'à présent. Par ailleurs, si on lui a proposé une pile, c'est sans doute qu'il y a d'autres troubles électriques en plus (par exemple un bloc de branche). Le pace maker est donc théoriquement nécessaire. 2. En ce qui concerne les apnées du sommeil, le problème est différent : la
respiration se bloque généralement à cause d'une base de la
langue trop grosse, ce qui empêche le passage de l'air pendant un temps qui peut être long (jusqu'à 1 mn parfois). Pendant ce temps, cela va provoquer une accélération cardiaque pour compenser. Mais, et c'est là où est le problème, si le cœur se met également en pause au même moment, votre mari va se trouver donc de facto en arrêt cardiorespiratoire, ce qui peut provoquer un bas débit au niveau du
cerveau. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'AVC qu'il a fait récemment soit dû à la conjonction simultanée de ces deux problèmes. Je pense, mais je manque d'éléments pour être affirmatif, qu'il faut prendre le problème en commençant par le plus grave qui est le problème cardiaque. La pose d'un pace maker est quelque chose de simple, évidemment plus complexe sur une personne handicapée, mais ce qui est maintenant très bien maîtrisé. Le pace maker pourra donc éviter la pause cardiaque et donc permettre au cerveau d'être suffisamment oxygéné lors d'une apnée du sommeil, ce qui limite les risques d'AVC. Quant aux apnées du sommeil, le traitement est plus complexe, plus long et pas toujours efficace. Je pense donc qu'il vaut mieux aller directement au plus simple et au plus efficace. Cela bien entendu est à évaluer avec votre médecin qui a tous les éléments pour prendre la bonne décision. Et pour répondre à votre dernière question, le traitement de l'apnée ne résoudra en rien le problème cardiaque, alors que le traitement du problème cardiaque diminuera les risques cérébraux liés à une mauvaise oxygénation engendrée par l'apnée du sommeil.