Confusions
Sortir du chaos, c’est tenter de distinguer des notions qui jusque-là ont été confondues. Je vous propose quelques exemples :
• Vulnérabilité/faiblesse/sensibilité : souvent vous valorisez la sensibilité, alors que la faiblesse vous semble honteuse. Où mettez-vous les frontières ? Vivez-vous votre
sensibilité comme une faiblesse ? Pourrait-on y voir le signe de blessures qui ne cicatrisent pas ?
• Gentillesse/empathie : empathie oui, mais sans devenir « bonne poire » et sans se faire manipuler par tous, sans être le « bon objet » scotché au
désir de l’autre, qui a toujours besoin de plaire et d’être aimé.
• Frustrations/renoncements/limites : voilà des notions bien confuses dans le quotidien. La
frustration est inhérente à la vie, vous ne pouvez pas tout avoir, tout le temps, tout de suite. A quoi devez-vous alors renoncer ? Vous seul le savez à condition de vous poser les bonnes questions, d’écouter votre entourage et de garder une tension intérieur entre le présent et le futur, entre vos désirs et vos potentiels, entre vos possibilités et les
limites de la vie en société…
Tensions
Lorsque la distinction est opérée, il reste à maintenir ensemble les deux pôles que l’on a réussi à différencier. Cela crée une tension (puisqu’on se retrouve avec des pôles opposés) qui s’exprime parfois à travers une véritable guerre intérieure. Supporter ces tensions vous donne le temps de trouver une résolution du conflit à travers une troisième voie. Ces tensions sont inévitables (comment garder vos objectifs en tête, tout en respectant les autres), mais vous êtes souvent tenté de les effacer par la suppression d’un des pôles pour que la tension se calme :
• Soit en optant pour le « tout ou rien » : « Vous restez et acceptez tout » ou bien « vous partez et quittez tout ». (Pour Camille, par exemple, accepter tout consisterait à reprendre l’entreprise de son père et à rester dans la maison familiale sous la coupe de sa mère, en supprimant donc son envie de devenir institutrice. Mais pour l’instant, elle ne sait nommer ni sa tension ni son refus. Et sa souffrance s’exprime par les scarifications).
• Soit en étouffant vos propres désirs d’avenir (Pierre y arrive assez bien avec son ordi et ses jeux, Kévin avec ses joints et l’alcool).
• Soit en agissant au lieu de « contenir psychiquement » les tensions (Camille en se scarifiant, Arthur en frappant les autres, Élodie par le
sport à outrance et les crises de boulimie, etc.).
• Soit en rêvant votre vie au lieu de la vivre. Je pense aux « accros » des feuilletons télé, qui croient vivre les aventures de leurs héros. C’est amusant lorsqu’on a une vie à soi, mais c’est terrible si on ne vit que par procuration.