Chacun son espace
La plupart du temps, les systèmes dysfonctionnent par manque de différenciation de chacun des éléments qui les composent. Remettons les choses à leur place : pour vous ados, vos parents sont vos parents et ils doivent vous soutenir et vous protéger en prenant les décisions qu’ils estiment bonnes pour vous (que vous les approuviez ou non). Vous devez les respecter (tout en ayant le droit de les discuter en fonction de votre âge). L’espace et la position de chacun s’expriment différemment dans chaque famille, mais une structure demeure commune .
Parents/enfants, chacun sa place
On distingue l’axe vertical des générations « aïeux/parents/enfants » – même si c’est plus compliqué chez vous, il existe de toute façon un axe vertical dans chaque famille – et des axes horizontaux, celui des aïeux, des parents et celui des frères et soeurs. Le psychanalyste Paul Claude Racamier évoque les dangers des familles dans lesquelles règne une indifférenciation entre les parents et les enfants. Le manque de structure crée un chaos, dans lequel personne ne trouve sa place. La place de chacun est menacée par les pressions et les empiètements incessants de l’entourage. La différenciation progressive étant impossible, la
séparation devient le seul moyen de ne pas étouffer, elle ne peut être que brutale et cela crée toujours de la souffrance.
Evolution des places
Les changements du corps et l’apparition des désirs sexuels sont souvent difficiles à supporter pour les ados et pour leur entourage, qui doit s’y adapter. Les places évoluent sans cesse. Une ado, par exemple, sent que cela blesserait sa mère de la voir devenir plus jolie et plus désirable qu’elle, parce que sa mère se sentirait alors vieillir (la belle-mère de Blanche-Neige n’est pas morte, elle n’a peut-être jamais été aussi vivante !). Certains pères ont, eux aussi, envie de rester jeunes. Et s’il est agréable d’avoir des parents jeunes et dynamiques, il peut être difficile de se sentir en compétition avec ceux dont on dépend. Parfois, la place dans la famille est occupée par l’histoire familiale ou collective. Génocides, exils, guerres produisent des récits (ou des silences) qui restent centraux pendant des générations. D’autres fois, c’est une personne qui a souffert excessivement, qui a été ou qui s’est détruite et qui, des générations après, génère encore des comportements de souffrance.
Respect des places
Le respect des places de chacun est quotidien.
• Votre mère et votre père n’ont pas à entrer dans la
salle de bains pendant que vous vous lavez. Et ils doivent frapper à la porte de votre chambre avant d’y pénétrer. Quand c’est possible, chacun a droit à son territoire.
• Vous n’avez pas à raconter votre vie sexuelle à vos parents (et vos parents n’ont pas à vous raconter la leur). Parlez-en, si vous le souhaitez, à vos copains et
copines ou à des adultes extérieurs. Sauf, bien sûr, s’il y a danger, risques ou questions particulières. Vos parents sont des recours, des aides, et vous pouvez vous appuyer sur eux, mais votre vie ne leur appartient pas. Votre mère n’est pas votre copine, et vous n’êtes pas la copine de votre mère.
• Vous avez le droit d’avoir des goûts différents de ceux de votre famille et des opinions différentes, sans être pour autant stigmatisé. Vous avez même le droit d’avoir une religion différente – c’est une idée choquante, qui parle d’un lien profond avec votre histoire familiale, mais pourquoi ce lien ne pourrait-il pas demeurer, même si vous décidiez de vous convertir ou de ne pas avoir de religion ou, à l’inverse, être croyant dans une famille athée ?
Famille
La famille est un groupe vivant qui porte des valeurs conscientes et inconscientes, des représentations, des personnages considérés comme forts ou moins forts, qui induisent des rôles à tenir, des sentiments d’humiliation et de fierté, qui se transmettent parfois "bruts de décoffrage" , sans même que vous en ayez
conscience.