Point de départ
La majorité des mères travaille et cela a profondément transformé la société, la vie familiale et les rapports entre parents et enfants. Le père est amené à participer à l'ensemble des activités du foyer et à s'occuper très tôt de l'enfant. En soi c'est une bonne chose, mais attention : le père ne doit pas être une autre mère. L'enfant a besoin, pour se structurer, de distinguer l'un de l'autre, non seulement sur le plan physique mais aussi sur le plan des tâches, du comportement.
Il appartient à chaque couple de définir le rôle dévolu à chacun en méditant ceci : la mère, dans les premières années, doit rester plus proche, être le recours immédiat, la personne qui console et apaise, le modérateur de tout conflit ; le père, même s'il est très présent, est l'arbitre, le rempart, celui qui fixe les limites, les repères… Il ne s'agit pas de réintroduire dans le couple une inégalité des sexes, mais de permettre à l'enfant d'en comprendre la différence : les activités sont tout aussi importantes pour l'enfant avec papa qu'avec maman. Elles n'en sont pas moins différentes.
Et que dire des enfants sans père ?
« À tout enfant, un père est dû », a dit Aldo Naouri, pédiatre. Il est bon de méditer cette phrase.
La mère isolée doit avoir le courage de réintroduire le père, sinon dans la vie de l'enfant, du moins dans son imaginaire. Il faut parvenir à lui en parler, à évoquer son souvenir. Il ne faut pas « tuer le père » dont l'enfant a besoin même s'il s'agit d'une référence incertaine, idéaliste. Le père a été, l'enfant a le droit de le garder en lui, même si la mère en a fait le deuil. Il faut sans doute beaucoup d'oubli de soi pour réussir, mais si l'amour de l'enfant est le plus fort, rien n'est vraiment impossible.
Sans doute le compagnon, le nouveau mari, un ami très proche peut-il assumer dans l'éducation le rôle du père et apporter à l'enfant la présence affective dont il a besoin… mais, au fond de lui-même, l'enfant gardera toujours la référence à ce père biologique qu'il n'a pas connu mais dont il sait qu'il a existé , sachez le préserver et lui en parler. Car l'enfant se pose des questions qui seront souvent, à l'adolescence, source de problèmes, de conflits.
De ces quelques idées-forces, retenez surtout que ces premières années vécues ensemble sont essentielles. Les tâches matérielles sont envahissantes pendant la première année, puis vient le temps des angoisses, des dangers, d'une opposition que vous comprenez mal… Années difficiles certes, mais années passionnantes. Il n'y a pas de recette éducative valable pour tous. Il y a vous, ses parents, qui lui apportez l'amour. Il y a lui, être unique. Si vous avez, avec lui, dans le calme, la détente, la joie, appris à vivre ensemble, il est bien armé pour poursuivre sa route. Désormais, il va apprendre à vivre avec les autres.