Définition
Il n'existe pas de vaccins contre le paludisme ni de médicaments qui protègent à 100% en période d'exposition.
Le premier moyen pour se défendre contre le paludisme est de se prémunir contre les piqûres de moustique (répulsifs et moustiquaires).
Toute fièvre survenant dans un pays exposé doit être considérée jusqu'à preuve du contraire comme un paludisme.
Votre attitude
La prévention passe par deux attitudes : se renseigner, et se protéger.
Se renseigner
Tout d'abord se renseigner avant de partir (Institut Pasteur, certains services infectieux hospitaliers, votre agence de voyage) si le pays que vous avez choisi présente du paludisme (c'est ce qu'on appelle les zones dites « impaludées »).
Si c'est le cas connaître sa virulence et sa résistance aux médicaments.
Il vous sera alors prescrit un traitement adapté (traitement prophylactique). En fonction de la virulence du parasite et de sa résistance aux traitements antipaludéens classiques (nivaquine) les pays sont classés en 3 zones, chaque zone nécessitant un traitement particulier :
- Zone 1 (pas de résistance à la Nivaquine®. dont la molécule est la chloroquine) : la Nivaquine (chloroquine) est donc le médicament de référence pour les pays de cette zone.
- Zone 2 (résistance modérée ou ponctuelle à la Nivaquine. On a le choix entre deux types de médicaments : l'association chloroquine + Proguanil (qui porte le nom de Savarine®. ), utilisable chez l'adulte, et la Malarone® (Atovaquone + Proguanil).
- Et zone 3 (forte résistance à la Nivaquine). On a le choix entre le Lariam®. (méfloquine), la Malarone®. , et le Doxypalu®. .
Les précautions médicamenteuses seront prises en considération chez la femme enceinte, l'enfant et les sujets présentant un risque subir l'éventuelle toxicité du médicament.
Se protéger
Cela commence par bien connaître les moyens de lutte sur place contre le paludisme et prendre les précautions qui s'imposent :
- Répellent corporel (spray que l'on vaporise avant la tombée de la nuit sur les parties découvertes. Pour obtenir une bonne efficacité il faut renouveler toutes les demi-heures la nébullisation).
- Répellent d'ambiance (bombes insecticides, combustion de spirales insectifuges, système à ultra-sons).
- Vêtements en toile épaisse, à manches longues. Chapeau de brousse. Seules les mains (le port de gants n'est pas ridicule) et le visage (le port d'une moustiquaire « de tête » est parfois bien utile) resteront découvertes et passées au répellent
- Tentes ou fenêtres munies de fermetures anti-moustiques. Moustiquaires imprégnées d'insecticides pour les lits.
- Savoir qu'en zones impaludées le risque de contamination est quasiment nul dans les grandes agglomérations. En revanche il est maximum dans les zones humides, forestières et marécageuses.
XPrévention du paludisme en vidéo
Paludisme Interview de Dominique Mazier, responsable de l'équipe "Identification et validation pré-clinique de nouvelles cibles thérapeutiques contre la malaria" de l'unité mixte de recherche 1135"Centre d'immunologie et des maladies Infectieuses" qui présente l'histoire de la maladie, son mécanisme, les régions où elle se trouve et les moyens d'y faire face. | 5 vidéos |
Traitement prophylactique
Faut t-il systématiquement suivre un traitement prophylactique ?
- Oui si c'est votre premier voyage (ou un voyage de temps à autre) dans un pays impaludé en tenant bien sûr compte des contre-indications médicamenteuses (anti-paludéens dangereux) ou médicales (risque de toxicité).
- Non si vous faites plusieurs voyages dans l'année car la prise répétée d'un traitement prophylaxique risque de devenir toxique pour le foie (hépato-toxicité). Qui plus est, un processus d'immunisation se met en place.
Cela dit, vous n'êtes jamais à l'abri d'une crise qui sera traitée sur place par un traitement dit « présomptif » que vous devrez toujours avoir en possession avec vous (voir plus loin).
Les principes du traitement prophylactique (préventif)
(D'après le BEH du 12 Juin 2007)
- Il est indispensable si vous voyagez pour la première fois (ou irrégulièrement) dans une zone impaludée.
- Il repose sur plusieurs médicaments adaptés à la spécificité de la zone.
- Il doit être prescrit par un médecin. Lui seul est apte à choisir le médicaments en fonction de son efficacité et de ses contre-indications.
La Nivaquine® :
C'est le médicament de base. Néanmoins son action est de plus en plus limitée en raison de la résistance accrue des moustiques à son égard. Son recours se limite aux zones 1.
Le prise se fait la veille du départ et s'arrête 1 mois après le retour dans le pays d'origine.
C'est un médicament bien supporté
Il est contre-indiqué dans certaines affections ophtalmologiques (rétinopathies) et ORL. Il n'est pas contre-indiqué chez la femme enceinte.
La posologie :
- 1 comprimé à 100 mg par jour chez l'adulte
- Suspension buvable (sirop) pour le nourrisson et l'enfant ( raison de 1,5 mg/kg/jour). La posologie sera donc adaptée à son poids.
La Paludrine® :
- Médicament d'efficacité identique à celle de la nivaquine.
- On l'utilise en en zone 2 en association avec la nivaquine (100 mg/jour chez l'adulte, 1,5 mg/kg/jour chez l'enfant). La paludrine est prise à raison de 200 mg/jour chez l'adulte, et 3 mg/kg/jour chez l'enfant.
- Le traitement est pris pendant le séjour et pendant 4 semaines après le retour au pays d'origine.
- Bien supporté, il est prescriptible chez la femme enceinte. Sa posologie et ses modalités de prises chez l'adulte et chez l'enfant sont les mêmes que celle de la nivaquine.
- La Paludrine® est contre-indiquée dans certaines affections rénales.
Savarine®
- C'est l'association Paludrine + Nivaquine.
- Elle n'est possible que chez l'adulte et chez les personnes de plus de 50 Kg.
- Pour les enfants et les personnes de moins de 50 Kg on recourt à la prise de Nivaquine et de Paludrine.
- La posologie de Savarine est de 1 cp par jour à prendre à heure fixe.
Le Lariam® :
Médicament d'efficacité puissante réservée à la zone 3.
Les effets secondaires sont fréquents (10 à 20% des cas) : nausées, diarrhées, vertiges, sensation d'ébriété.
Les réactions (peu fréquentes) peuvent être graves : état dépressif, psychose, convulsions,
encéphalopathies.
Le Lariam® est contre-indiqué chez la femme enceinte (d'où la nécessité de prévoir une contraception pour ne pas débuter une grossesse au cours du voyage), chez l'enfant de moins de 15 kg et au cours de certaines pathologies (neurologiques, rénales, hépatiques et cardiaques).
La posologie :
- Chez l'adulte : 1 comprimé à 250 mg 1 fois par semaine. Le premier comprimé sera pris dix jours avant le départ et le dernier comprimé pendant 3 semaines après le retour au pays d'origine.
- Chez l'enfant : solution buvable (sirop) dont la posologie sera adaptée au poids (5 mg/Kg/semaine) à condition que l'enfant pèse plus de 15 kg.
La Doxycycline® :
- Antibiotique classique actif sur le paludisme.
- Médicament contre-indiqué chez la femme enceinte ou allaitant et chez l'enfant de moins de 7 ans.
- La posologie et la modalité des prises chez l'adulte et chez l'enfant sont indiquées par le médecin sur prescription.
Le Doxypalu ®.
- C'est une doxycycline qui est indiquée spécifiquement contre le paludisme.
- Sa posologie est de 1 cp à 100 mg tous les jours, en commençant le jour du départ, et jusqu'à 1 mois après le retour. Les contre-indications sont les mêmes que pour les cyclines. Il y a un risque important d'allergie au soleil , ce qui nécessite d'être prudent en cas d'exposition solaire.
- Ce médicament est interdit à la femme enceinte.
La Malarone ®
- Ce produit est l'association de l'atovaquone et du proguanil.
- Il a pour avantage d'être le produit le mieux toléré du marché.
- De plus il a pour autre avantage de ne nécessiter la poursuite du traitement au retour que durant 1 semaine, alors que les autres traitements nécessitent 1 mois de prise au retour. Cette possibilité de prise raccourcie après le retour est liée à une efficacité de de médicament dès la phase initiale du cycle parasitaire.
- Inconvénients : La prise doit être faite au cours des repas car son absorption intestinale est faible. Son prix est élevé (45 Euros pour 12 comprimés).
- Il n'est pas recommandé chez la femme enceinte. Toutefois, il est envisageable sur avis du médecin en cas de nécessité absolue.
- La posologie est de 1 cp par jour pendant toute la durée du séjour, en débutant la veille et le jour du départ, et en poursuivant 7 jours après le retour.
- Il existe une forme pédiatrique pour les enfants à partir de 11 kgs : 1 comprimé / 10 kg de poids.
- Pour l'enfant de moins de 11 Kg, on recourt à l'association chloroquine + Proguanil en adaptant les doses en fonction du poids.
Le Paluther ®
- Ce médicament est disponible seulement en milieu hospitalier.
- Il est réservé seulement au traitement de la crise de paludisme grave.
- Il est donné en injection et est très utile dans la fièvre bilieuse hémoglobinurique.
Le traitement présomptif
C'est un traitement curatif, mis en route en urgence, dès la suspicion d'un paludisme.
Repose principalement sur le Lariam® et sur l'Halfan® qui seront pris en cas de doute (et si possible après consultation médicale) devant un tableau pseudo-grippal (fièvre, courbatures, maux de tête..
La posologie :
- Chez l'adulte : 2 comprimés de 250 mg en 3 prises toutes les 8 heures pour le Lariam® et toutes les 6 heures pour l'Halfan®.
- Chez l'enfant : 8mg/kg selon les mêmes modalités de prises.