Prise en charge
La
grossesse survenant chez les patientes présentant une cardiopathie représente 1% des grossesses en Europe. Elle est potentiellement grave car :
- elle entraîne une augmentation de 30 à 50% du débit cardiaque qui peut décompenser une cardiopathie sous-jacente.
- l'accouchement représente un
stress hémodynamique.
La survenue d'une grossesse chez une patiente atteinte d'une cardiopathie nécessite donc une prise en charge individualisée, adaptée au type de la cardiopathie et à sa tolérance. Cette prise en charge doit être multidisciplinaire, impliquant obstétriciens, cardiologues et anesthésistes. Idéalement, l’évaluation cardiologique devrait être réalisée avant la grossesse.
Cardiopathies
Les cardiopathies structurelles en cause sont très hétérogènes par leur nature et par le risque lié à la grossesse :
• Les
cardiopathies congénitales sont les plus fréquemment rencontrées durant la grossesse dans les pays occidentaux. Alors que les cardiopathies avec shunt gauche-droit sont bien tolérées, les cardiopathies avec shunt droit-gauche (cyanogènes) non corrigé, sans artériolite pulmonaire, exposent à un risque élevé maternel et foetal lorsque la saturation en oxygène est inférieure à 85%. La cardiopathie congénitale la plus redoutable est le syndrome d'Eisenmenger. En effet, il est la cause d’une
mortalité maternelle de 30 à 40% ce qui justifie la contre-indication formelle de la grossesse.
• Les
valvulopathies représentent la deuxième cause de cardiopathie durant la grossesse dans les pays occidentaux mais sont la première cause dans les pays en voie de développement. Les valvulopathies sténosantes sont mal tolérées et, tout particulièrement le
rétrécissement mitral. Une dilatation mitrale percutanée doit être envisagée en cours de grossesse lorsque les symptômes persistent malgré un traitement médical. En revanche, les valvulopathies régurgitantes, même sévères sont généralement bien tolérées.
En présence d'une
prothèse valvulaire mécanique, la grossesse est à haut risque, quelles que soient les modalités du traitement anticoagulant, qui doivent faire l’objet d’un choix individualisé et d’une information de la patiente sur les risques inhérents.
• Les cardiomyopathies hypertrophiques ont un bon pronostic lorsqu'elles sont peu symptomatiques avant la grossesse. La cardiomyopathie du péri-partum est la principale forme de
cardiomyopathie dilatée et représente une situation rare dans laquelle la cardiopathie semble être la conséquence de la grossesse. Il s'agit d'un tableau non spécifique de cardiomyopathie dilatée qui récupère dans les six mois suivant l'accouchement (dans 50% des cas), mais qui comporte un risque de récurrence en cas de grossesses ultérieures.
• Les syndromes coronaires aigus sont rares durant la grossesse et justifient une prise en charge invasive par
coronarographie et
angioplastie.