Transplantation orthotopique
La transplantation hépatique la plus souvent réalisée en France est la transplantation d'un foie entier qui provient d'un donneur décédé (donneur en mort encéphalique). C'est une transplantation hépatique orthotopique, ce qui veut dire que le greffon est implanté, après l'ablation du foie natif, en lieu et place du foie malade.
Transplantation hépatique Domino
Certains patients nécessitent une transplantation hépatique pour une maladie neurologique liée au foie (neuropathie amyloïde). Cette maladie ne se déclare qu'après plusieurs décennies. Leur foie, même s'il a été responsable de l'apparition de la maladie neurologique, est tout à fait fonctionnel et peut-être utilisé chez un autre patient qui a besoin rapidement d'un foie fonctionnel. Chez ce second patient, la
neuropathie amyloïde, si elle apparaît, mettra aussi plusieurs années à devenir active.
Ce type de transplantation hépatique est appelée "transplantation hépatique domino". Ces stratégies sont utilisées avec l'accord du patient donneur et du receveur : ils sont informés longuement au cours d'un entretien des avantages et des inconvénients de cette technique. Dans l'hypothèse où la maladie neurologique deviendrait active chez le patient receveur, une nouvelle transplantation hépatique serait réalisée.
XTypes de transplantations hépatiques en vidéo
Transplantation hépatique Le professeur Olivier Soubrane, hôpital Saint-Antoine, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, explique les choix effectués pour un transplantation hépatique entre une femme et sa soeur. | 1 vidéos |
Transplantation de foie partiel ou "split"
Un foie entier, prélevé chez un donneur en mort encéphalique ou dans le cadre d'un programme domino, s'il est suffisamment volumineux, peut être divisé en 2 pour être donné à deux receveurs. On parle de transplantation « split », du mot anglais qui signifie diviser ou répartir.
Dans l'immense majorité des cas, ce « split » est fait pour permettre une transplantation hépatique chez un enfant et un adulte. Exceptionnellement, il est possible de partager un foie pour transplanter 2 adultes de petites tailles. Cette technique a été inventée à Paul Brousse par Henri
Bismuth en 1980 devant la présence au même moment de 2 enfants en
insuffisance hépatique aiguë et la disponibilité d'un seul foie entier.
Transplantation partielle à donneur vivant
La transplantation hépatique dite « à donneur vivant » consiste à effectuer un prélèvement d'une partie du foie chez un membre de la famille pour en réaliser la transplantation chez le patient en attente de
greffe hépatique.
Alors qu'elle est la stratégie principale en Asie où le don d'organe après le décès est quasi-inexistant pour des raisons religieuses, ce type de méthode est utilisé dans moins de 5% des transplantations réalisées en Europe. Outre l'existence du don après décès, le principal frein au développement de la transplantation à donneur vivant est lié aux risques de l'hépatectomie qu'impose la réalisation du prélèvement chez le donneur sain.
En France, la réalisation d'une transplantation hépatique dans le cadre d'un don intra-familial est très encadrée sur le plan réglementaire. Le principal intérêt de cette technique est de permettre à des patients en attente de greffe hépatique d'accéder plus rapidement à un greffon, mais en aucun cas elle ne change les règles d'accès à la transplantation. En cas de doute quant à la faisabilité de l'hépatectomie chez le donneur dans des conditions satisfaisantes de sécurité, la transplantation n'est pas effectuée. Dans tous les cas, c'est la sécurité du donneur qui prime sur la nécessité de réaliser la transplantation chez le receveur.
La régénération et la compliance du foie
Le risque de l'hépatectomie chez le donneur est d'abord dépendant des possibilités de régénération hépatique, phénomène qui permet de retrouver en une semaine une fonction puis un volume hépatique nécessaire et suffisant à une vie normale. La régénération hépatique est dépendante de la compliance du foie, c'est à dire de la capacité du foie à absorber à volume presque constant un plus fort débit de
sang comme le ferait une éponge. C'est cette capacité qu'a le foie à se comporter comme une éponge qui est responsable du phénomène de régénération hépatique. C'est la régénération hépatique, grâce à la multiplication des cellules du foie, qui permet de retrouver un volume et une fonction identique à ce qu'elles étaient avant l'hépatectomie.
En-dessous d'un certain volume de foie restant, la compliance hépatique est dépassée, comme le serait une petite éponge face à un très grand volume de liquide, et la régénération hépatique ne débute pas. Ainsi, l'hépatectomie chez le donneur ne doit pas emporter plus de 60% du volume du foie total. Ce volume de foie chez le receveur doit correspondre au minimum à 0.8% du
poids corporel afin de permettre, là-aussi, une régénération hépatique.
Transplantation hépatique auxiliaire
Ce type de transplantation s'adresse à des patient extrêmement sélectionnés atteints d'une pathologie extrêmement sévère (hépatite fulminante le plus souvent) mais ayant un espoir de guérison de leur foie natif. La transplantation hépatique auxiliaire correspond à la mise en place d'un greffon (entier ou partiel) en conservant tout le foie ou une partie du foie natif. L'objectif à terme est de retirer le foie greffé si le foie natif guérit, afin d'arrêter les traitements immunosuppresseurs.