Point de départ
Les petits garçons dans les choux, les petites filles dans les fleurs, les petites graines que l'on dépose dans le ventre de la maman... il ne s'agit pas de jardinage, mais de l'une des questions qui préoccupe le plus les enfants.
Grâce aux médias, les questions sont maintenant de plus en plus précises de la part des enfants. La plupart d'entre connaît bien les "secrets de fabrication". Mais malgré tout des zones d'ombre persistent, en particulier sur la façon précise dont se passe... "la chose", c'est à dire l'acte sexuel
La situation
- Outre le fait que la question survient le plus souvent dans des endroits particulièrement mal commodes pour les confidences (métro, file d'attente, réunions de famille, etc.), le problème est surtout la façon dont il faut répondre : anatomiquement ? Symboliquement ? Pratiquement ? Techniquement ? Dessins à l'appui ?
- On peut de la même façon être tenté d'éluder la question gênante. Mais elle reviendra d'autant plus souvent et dans des circonstances d'autant plus délicats à gérer que vous n'y aurez pas répondu. Car en fait, l'enfant a tout à fait le droit de savoir.
Ce qu'il a dans la tête
- Cette question ne vient généralement que vers l'âge de 4 ans. C'est l'âge des questions existentielles : comment ? pourquoi ? quand ?
- Ces questions sont plus souvent le fait des petites filles que des petits garçons, comme si elles sentaient plus particulièrement concernées.
- L'absence de réponse à ces questions risque de mettre l'enfant dans une situation d'esprit telle qu'il s'imagine que c'est mal ou inconvenant puisqu'il est si difficile d'en parler.
D'où sa perplexité.
L'interprétation du psy
- Dans cette question, l'enfant n'est pas intéressé par la seule question mécanique. Ce qui sous tend ses interrogations, c'est en fait : "et moi c'est bien de là que je sors ? C'est bien de cette mère-là dont je suis l'enfant ?".
- C'est donc une histoire qu'il faut raconter, une histoire merveilleuse et troublante d'une petite graine déposée par le papa dans le ventre de la maman, parce que l'un et l'autre se sont aimés à ce moment et qu'ils ont eu envie de concrétiser cet amour par cette chose merveilleuse qu'est un enfant.
- Sans en avoir l'air, l'enfant pose des questions sur l'amour dont il est issu et indirectement sur la raison qui fait qu'il aime si fort cette mère dont il est issu, et sur le pourquoi de cette relation privilégiée. Cette question émerge très précisément au moment même où l'enfant a enfin rompu ses attaches avec sa mère, la fameuse "rupture du cordon ombilical".
Votre attitude
Pour répondre à cette question délicate qui met souvent mal à l'aise les parents, quelques points sont importants à connaître :
Dès l'âge de 4-5 ans :
- D'abord choisir le moment opportun : un moment de calme, d'intimité, celui où l'on est prêts, parent comme enfant aux grandes révélations. Il y a de la solennité dans cet instant.
- Ensuite s'enquérir de ce que l'enfant sait, car il a pu obtenir des informations par ailleurs.
- Enfin, se reporter à l'histoire familiale, de façon à ce que l'enfant ait la réponse à ce qui lui importe vraiment : "comment suis-je né ? D'où viens-je vraiment ?".
En ce qui concerne la forme :
- Evitez les symboles car vous ne répondrez pas à ce qu'attend véritablement l'enfant.
- A l'inverse évitez le cours d'anatomie et de physiologie : certains détails peuvent le choquer, ne serait-ce que s'il imagine l'accouchement avec la tête du bébé qui sort d'entre les jambes de la maman. En effet une telle image pourrait l'amener à penser qu'il a fait du mal à sa mère, et en concevoir une culpabilité inutile.
- Terminez toujours par la joie que cela a représenté pour vous et pour votre entourage de le voir naître. Ainsi, au final, il obtiendra la réponse à ce qui le préoccupe.
A partir de 6-7 ans, l'enfant est plus en demande de détails techniques : la pénétration, la grossesse , l'accouchement . L'enfant est en mesure de comprendre que le sexe du papa s'est mis au contact du sexe de la maman, qu'une petite graine s'est installée dans le ventre de la maman et y a poussé. Cela lui suffit, car la suite est imaginable : la graine a donné un fruit qui a poussé et qui a donné le petit bébé qu'il est devenu. L'accouchement reste encore un passage délicat, mais l'enfant n'en est généralement pas très friand.
Les pièges à éviter
- Les descriptions du Kama-Soutra
- L'absence de réponse ou les réponses fantaisistes :" on a sonné à la porte et le facteur t'a amené"ou pire encore : " on t'a trouvé dans une poubelle". Les ravages de ce type de réflexion se retrouvent 30 ans plus tard sur le divan des psychanalystes.
- La fuite ou les échappatoires. Ils ont le double inconvénient de ne pas répondre aux interrogations de l'enfant, et de lui laisser croire n'importe quoi au point qu'il s'imagine qu'on puisse faire un enfant par le seul fait de se serrer contre quelqu'un d'autre.
- Ne pas prendre cette question au sérieux. C'est ne pas respecter une interrogation légitime et constructive de l'enfant.