Point de départ
Quelques exemples de ce qui se passe dans la tête de vos parents.
Premier exemple
Pour Ninon qui a 15 ans, cela s'est passé en douceur, raconte Élise sa mère. Quand elle était petite, elle avait déjà sa vie à elle, elle sortait et je l'accompagnais chez ses amis ou les recevais à la maison. J'ai toujours connu son entourage, su qui elle fréquentait et son état d'esprit. Quand aujourd'hui, elle me demande d'aller en boom S'il te plaît, toutes mes copines y vont, je passe un ou deux coups de fils aux autres mamans, on s'accorde ensemble sur l'heure autorisée, sur qui viendra les chercher et sur le fait qu'il est bien certain qu'il n'y aura pas d'alcool. Pour le reste, je fais confiance à Ninon. C'est sa vie, et les risques, c'est elle qui les prend en connaissance de cause, puisqu'elle sait l'essentiel sur les plaisirs et les risques du tabac, de la drogue, et de la sexualité.
Comme toutes les mères d'ados, Élise est confrontée au problème des sorties et des négociations d'autant plus inévitables que les camarades, eux, ont le droit de sortir.
Refuser purement et simplement, sans tenir compte jamais des désirs de son enfant, reviendrait à risquer un beau jour le clash, la révolte... et la rupture de tout dialogue.
À l'inverse, accepter toujours et sans discernement, sans s'inquiéter des horaires de retour et des fréquentations de son enfant, serait un peu le laisser à l'abandon, sans limites rassurantes et, surtout, sans raison aucune de rentrer puisqu'on ne lui demande jamais de comptes. La solution est donc entre les deux attitudes : plutôt que la rigidité non permissive ou la liberté inconditionnelle, les parents doivent savoir accompagner leur enfant dans la légèreté, en étant là sans y être.
Deuxième exemple
François a 13 ans, raconte Laurencia, sa mère. Son père comme moi ne nous sentons pas autorisés à lui donner des ordres, sous prétexte de la sacro-sainte autorité parentale. Bien avant sa première sortie nous avons évoqué les problèmes du sida, de la drogue et la violence, en général, sans le mettre, lui, en situation. Si un jour, il y est confronté, il aura déjà quelques clés. Je veille à ne pas interdire sans raison : s'il a un contrôle le lendemain ou trop de mauvaises notes, il va de soi que c'est niet pour les sorties. Il y a le principe de plaisir et celui de réalité, les adultes non plus ne font pas tout ce qu'ils veulent dans la vie, il doit l'apprendre.
Limites et prise en compte
Élise comme Laurencia prennent en compte les besoins de leur enfant, lui accordent leur confiance, tout en leur indiquant des limites précises.
C'est sans doute l'attitude la plus payante et la plus sage. L'adolescence est, on le sait bien, la période de toutes les provocations. Interdire sans lâcher du lest par ailleurs, c'est prendre le risque de la transgression. Uniquement par provocation, l'enfant peut vouloir prouver qu'il est le plus fort et régler ses comptes avec ses parents au travers des horaires non respectés, de l'alcool ou du tabac.