Epilepsie et épidémiologie
« L'épilepsie est une affection chronique du
cerveau qui touche toutes les populations du monde. Ces crises résultent de décharges électriques excessives dans un groupe de cellules cérébrales » (définition de l'Organisation mondiale de la santé).
Dans le monde, 50 millions de personnes sont atteintes d'épilepsie, avec 2.4 millions de nouveaux cas par an. En France, 600 000 personnes sont épileptiques, la moitié a moins de 20 ans. L'incidence de l'épilepsie se situe autour de 50 nouveaux cas pour 100 000 habitants dans les pays développés (Organisation mondiale de la santé).
Symptômes
Les crises d'épilepsie surviennent de façon brutale et inattendue. En raison de leurs aspects multiples, on parle plutôt des épilepsies.
• Les crises peuvent être « partielles » et se manifestent de façon variable selon la région d'où part la décharge, se traduisant par exemple par des mouvements (clonies) involontaires, des troubles du langage, une sensation de « déjà vu », « déjà connu », manifestations sensitives, visuelles transitoires, rupture de contact, etc. Les crises partielles peuvent aussi se généraliser.
• Les crises peuvent être « généralisées » et lorsqu'elles sont convulsives comportent une perte de conscience, cris, bave, une chute et de violentes secousses de tout le corps. Les « absences » sont de brèves ruptures de
conscience survenant plutôt chez le jeune enfant. Il existe également des crises de type myocloniques.
Maladie sociale
Les crises qui surviennent de façon brutale et inattendue perturbent les personnes atteintes et leur entourage, entraînant trop souvent des réactions de crainte et de rejet qui sont aussi pénalisantes que la maladie elle-même. La maladie est synonyme d'angoisse pour les patients qui craignent la survenue d'une crise n'importe quand et n'importe où.
Traitements médicamenteux
Les crises d'épilepsie sont traitées par des
médicaments antiépileptiques. Parfois, malgré un traitement bien conduit, les crises d'épilepsie peuvent persister. On parle d'épilepsie pharmaco-résistante. Il arrive également que les effets secondaires amènent à changer le traitement épileptique.
Régime cétogène
Le régime cétogène modifie le
métabolisme du corps en provoquant une cétose par la destruction des graisses en quantité importante dans le corps, ce qui permet la diminution de la fréquence et de la sévérité des crises. L'alimentation quotidienne est modifiée en augmentant les apports en graisses et en diminuant les apports en
sucres et en
protéines.
Ce régime est rarement proposé chez l'adulte sauf dans de rares cas ; il est utile dans le contrôle d'épilepsie sévère chez le jeune enfant, en association des traitements médicamenteux. Sa mise en place se fait au cours d'une hospitalisation dans un service expert comprenant une diététicienne. Un suivi médical régulier est nécessaire car il peut s'ensuivre des complications gastriques à court terme et des complications cardiovasculaires à long terme. Peu d'enfants continuent à l'observer après quelques années.
Chirurgie
L'opération chirurgicale a pour but d'opérer la région du cerveau responsable de l'épilepsie et d'essayer de réduire la fréquence des crises. Avant d'envisager cette opération, il est nécessaire de passer différents examens (électroencéphalogramme, enregistrement vidéo de crises, imagerie du cerveau, bilan de la mémoire, …) qui se font le plus souvent au cours d'une courte hospitalisation dans un centre spécialisé. On s'assure également que cette région du cerveau ne commande aucune fonction importante. Le traitement médicamenteux est le plus souvent maintenu après l'opération.
Le recours à la chirurgie sera limité pour une catégorie de patients, après une stricte sélection des patients, selon des critères bien définis par les spécialistes.
Stimulation cérébrale profonde (SCP)
La SCP repose sur la stimulation de certaines zones du cerveau grâce à une électrode placée dans la profondeur du cerveau lors d'une
opération. Aucune région du cerveau n'est retirée.
Une pile ou
pacemaker est placée sous la peau, sous la clavicule. Un fil invisible placé sous la
peau relie la pile à l'électrode au niveau de la tête. L'électrode envoie des impulsions électriques dans deux régions situées dans la profondeur du cerveau (les thalamus). Ces impulsions électriques vont contribuer à contrôler l'activité électrique du cerveau responsable des crises. L'intensité des impulsions électriques est réglée de manière progressive par le médecin de façon à l'adapter à chaque situation. Le traitement médicamenteux pourra être adapté dans un second temps.
Il s'agit d'une procédure relativement invasive. Cette option thérapeutique est en phase d'expérimentation en France.
Stimulation du nerf vague
Ce traitement convient aux patients atteints d'épilepsie pharmaco résistante et qui ne peuvent avoir recours à la chirurgie, de même pour les patients ayant subi un traitement chirurgical mais qui continuent à avoir des crises.
Ce traitement repose sur la stimulation du nerf vague. Celui-ci reçoit de petites impulsions envoyées par une pile ou pacemaker. La VNS Therapy (vagus nerve stimulation) demande une journée d'hospitalisation pour l'implantation de deux électrodes sous le nerf vague, par une petite
ouverture sous la peau au niveau du cou. Le générateur (3-4cm) est placé sous la peau en-dessous de la clavicule.
Les signaux sont envoyés vers le cerveau dans le but de limiter la fréquence et la sévérité des crises, d'en diminuer le nombre et de permettre une récupération plus rapide après une crise. La VNS ne guérit pas l'épilepsie mais représente une thérapie complémentaire aux traitements médicamenteux. Ce traitement convient aux enfants et aux adultes.
Les effets secondaires les plus communs sont l'enrouement, la toux, l'essoufflement et les maux de
gorge. Ils sont directement liés à la stimulation et diminuent avec le temps.