Qu'est-ce que la résilience ?
« La résilience est la reprise d'un développement après une agonie
psychique traumatique », selon la définition du Docteur Boris Cyrulnik.
Resiliere en latin signifie rebondir, rejaillir.
En ce qui
concerne le domaine de la résilience et du sport, Il existe une
situation où il y a une « sidération » psychique, et la pratique d'une
activité physique peut permettre la reprise psychique. Ainsi s'amorce un
travail sur soi pour rebondir, rejaillir.
Ryadh Sallem, athlète
de haut niveau, spécialisé dans le rugby fauteuil, aborde ainsi la
question de la résilience : « On est prêt à se foutre en l'air, au ça
vaut le coup de vivre… »
Pourquoi les sportifs sont-ils si populaires ?
Nous sommes dans une société où le besoin de reconnaissance est
important. La notion de popularité vient de ce principe
d'identification dans les sportifs que les gens appliquent en se
reconnaissant en eux.
C'est cette
identification qui va motiver les
passionnés du sport, car les sportifs sont perçus comme capables de
réussir de grandes choses.
Quelles sont les images du sportif qui peuvent le faire s'incarner comme un héros ?
Il y au moins deux types de héros : les héros emblématiques (qui
représentent un emblème-une valeur symbolique) et les héros déchus. Dans
ces deux modèles de super héros et anti héros, nous reconnaissons le
sportif qui va tout gagner ou perdre tout et souvent tout ce qu'il avait
reçu de la population.
Il est adoré, puis rejeté. Il est sacrifié (notion quasi religieuse).
Lance
Amstrong, qui était un immense champion incontesté et adoré, a été
abandonné d'un coup par tous quand la preuve a été faite qu'il s'était
dopé.
La valeur positive que représente le sportif apporte
plaisir, admiration, bien-être,
désir d'imitation et de ressemblance, ce
qui est important dans une société dure. Ainsi Il y a reconnaissance
dans le héros qui porte les valeurs symboliques des Jeux Olympiques «
plus haut, plus fort, plus loin ».
Que recherche le sportif handicapé comme Philippe Croizon (amputé des bras et des jambes) qui a traversé la Manche à la nage ?
Philippe Croizon est emblématique de la résilience. Pour lui, le seul
moyen de s'en sortir est de se lancer un défi, pour survivre au risque
d'être noyé. Il s'est entraîné pendant des années, de longues heures
chaque jour. C'est le principe de survie : s'il ne l'avait pas fait, il
aurait sombré dans la
dépression. Philippe Croizon traduit très bien
cela dans son livre « J'ai décidé de vivre ».
Quel est le sentiment qui porte les sportifs pour rebondir après les échecs, le doute, les épreuves physiques ?
C'est le même principe que la résilience, mais chez les sportifs, les modes de résilience ne sont pas les mêmes. Il y a différents modes d'entrée :
- Une motivation intrinsèque de quelqu'un qui intériorise et construit son propre raisonnement orienté vers la réussite
- Une motivation extrinsèque de quelqu'un qui a besoin d'être accompagné et attend des autres de la reconnaissance.
Ceux qui intériorisent, notamment leur propre image, supportent mieux l'échec.
Les sportifs sont-ils prisonniers de la recherche de la performance ?
Oui et non. Tout sportif recherche la performance. Chaque sportif a sa
façon personnelle de la valider. Quand l'enjeu les dépasse, la
motivation peut être morbide (pathologique). Ils ont alors besoin de
stimulation, de dopamine, pour arriver à une nouvelle performance
exagérée qui n'a pas de lien avec le sport.
Quel rôle joue l'entraîneur vis-à-vis du sportif ?
Considéré comme résilience, le besoin d'un groupe peut aider. La
résilience s'opère par le récit, l'explication. Les autres écoutent et
entendent. Le témoignage provoque les éléments de la résilience. La
personne qui reçoit ce récit est l'entraîneur. Le lien avec le coach est
très fort, essentiel : « j'ai compris ton traumatisme, je vais t'aider,
nous allons faire quelque chose de positif… ». Le transfert est
utilisé pour rendre le sportif plus heureux.
Tout à chacun peut-il s'inspirer des sportifs dans les difficultés de sa vie ?
Oui, on peut utiliser le modèle des sportifs pour surmonter les
difficultés physiques et psychologiques. Ceux qui ont appris le sport
enfant guérissent leurs blessures par le football en se redonnant du
sens, en étant reconnu par les autres dans la durée, dans un processus
de résilience.
Est-ce que le dépassement de soi, physique et mental, est une voie vers le bonheur ?
Oui, c'est une voie vers le bonheur si le dépassement de soi est
recherché sans excès, avec une vraie réflexion, harmonie et pleine
conscience. Si le dépassement de soi se recherche avec excès, dans la
souffrance, il est difficile d'arriver au bonheur.