Analyse en dix questions (extraits du livre blanc)
Quelle définition donner à la télémédecine ?
Pour le CNOM, il apparaît indispensable d'attacher - et de limiter - l'utilisation du terme de télémédecine à la pratique de la médecine.
La télémédecine est une des formes de coopération dans l'exercice médical,mettant en rapport à distance, grâceaux technologies de l'information et dela communication, un patient (et / oules données médicales nécessaires) etun ou plusieurs médecins etprofessionnels de santé, à des fins
médicales de diagnostic, de décision,de prise en charge et de traitementdans le respect des règles de ladéontologie médicale.
Qu'est ce qu'un acte de télémédecine ?
L'acte de télémédecine constitue un acte médical à part entière, quant à son indication etsa qualité. Il n'en est pas une forme dégradée :
Téléconsultation
Téléassistance médicale
Télé expertise
Télésurveillance
A quels besoins répond la télémédecine ?
Accès équitable et qualité des soins comptent au nombre des enjeux prioritaires pour le CNOM.
Afin d'adapter la réponse du système de santé aux besoins de la population, dans une nouvelle organisation sanitaire territoriale telle que prépare la loi HPST, le CNOM estime que la place de la télémédecine doit être affirmée et consolidée.
En assurant un meilleur accès aux soins, en favorisant la coopération des pratiques médicales et en facilitant le suivi à distance, la télémédecine permet de maintenir des niveaux de qualité au moins identiques en matière de soins et sensiblement supérieurs en qualité de vie sociale, notamment par le maintien des patients dans leur lieu habituel de vie.
Quels sont les droits des patients dans le cadre de la télémédecine ?
Les droits des patients s'imposent de la même manière dans les situations de télémédecine que dans le cadre aujourd'hui habituel des soins.
Comme il l'a rappelé dans son Livre blanc sur l'informatisation de la santé, l'engagement du CNOM dans la mise en oeuvre des technologies de l'information au service de la médecine reste résolument fondé sur le respect des droits des patients.
Quelles sont les obligations des médecins pratiquant la télémédecine ?
Les obligations des médecins dans le contexte d'une pratique de la télémédecine résultent de l'application des règles communes de la déontologie médicale. Celles-ci prennent néanmoins une nouvelle dimension du fait de la nécessité de préciser leur interprétation dans cette application.
C'est à ces titres que le CNOM soutient qu'il est nécessaire que des protocoles soient établis dans la mise en oeuvre des pratiques, que ce soit sur un territoire de santé ou en fonction des
pathologies, et que des conventions viennent régler les coopérations entre établissements publics et privés, comme celles des différentes professions de santé entre elles.
Cette boucle de télémédecine doit être centrée sur le patient qui doit librement y consentir. En particulier, en donnant un rôle central à l'échange informatisé d'informations, la pratique de la médecine à distance amplifie les contraintes de sécurité relatives à la confidentialité des données médicales.
Quels devraient être les supports juridiques de la télémédecine ?
La loi du 13 août 2004 a consacré la télémédecine comme l'un des moyens d'action pour une meilleure organisation des soins. Elle suppose ainsi la coopération d'établissements de droit public comme de droit privé et celle des médecins et autres professionnels de santé libéraux.
La loi doit consolider l'existence de la télémédecine sur des bases juridiques affirmées. Elle doit permettre son développement par des conventions de coopération, entre professionnels comme entre établissements. Elle doit en assurer la sécurité par des protocoles de mise en oeuvre sur les volets médicaux, techniques et financiers.
L'usage des technologies de l'information et de la communication dans l'exercice de la télémédecine ne justifie pas une disposition spécifique du code de déontologie médicale puisque tous les principes en vigueur dans la forme usuelle de la pratique médicale demeurent et s'appliquent. Nous en donnerons une lecture déclinée à la télémédecine dans la conclusion de ce Livre Blanc.
Le CNOM rappelle qu'il a demandé, dans son Livre Blanc sur l'informatisation de la santé, que des procédures de certification des solutions logicielles proposées aux médecins soient plus largement déployées.
Que doit contenir le contrat formalisant une pratique de télémédecine ?
Pour permettre l'élaboration de ces contrats particuliers, le Conseil national de l'Ordre desmédecins estime indispensable que soient précisées en amont, par les autorités compétentes en matière de santé publique, les caractéristiques fondamentales des protocoles e tles clauses essentielles devant obligatoirement figurer dans chaque document contractuel.
Cet encadrement réglementaire – fixé en application de la loi définissant la télémédecine pourrait être formalisé par un décret précisant :
- Les données techniques à insérer dans tout protocole.
- Les clauses essentielles des conventions types correspondant aux différents types de télémédecine : téléconsultation, télé expertise, télésurveillance, téléassistance...
Le CNOM souligne que la procédure de contractualisation, outre le fait qu'elle s'accordera avec les besoins qui seront par nature évolutifs, contribuera à lever une bonne part des freins au développement de la télémédecine, en établissant de manière simple et claire les engagements réciproques de ses signataires.
De quelles compétences doivent faire preuve les médecins ?
La pratique de la télémédecine représente une activité transversale, basée sur une mise en complémentarité de compétences.
Comme il l'a déjà souligné dans les recommandations de son Livre blanc «L'informatisation de la santé», le CNOM restera attentif à ce que des dispositifs de formation et d'incitation soutiennent les efforts des médecins dans leur adoption des technologies de l'information.
Le CNOM recommande donc que tout projet de télémédecine comporte un volet relatif à la formation permanente des professionnels impliqués, quel que soit leur secteur d'exercice, public ou libéral.
La télémédecine n'est pas dans son application générale un cadre d'exercice spécialisé, mais au contraire un moyen de coopération pouvant concerner des situations très concrètes de pratiques professionnelles au service de l'équité dans l'accès aux soins, comme nous l'avons déjà souligné.
Comment rémunérer la pratique de la télémédecine ?
Les activités de télémédecine ont bénéficié jusqu'ici de modalités de financement qui ont atteint leurs limites.
L'acte médical – qu'il s'agisse de téléconsultation, de télé expertise de télésurveillance ou de télé assistance médicale – correspond à un temps médical et une compétence dont la reconnaissance implique une rémunération spécifique prévue et encadrée par la «protocolisation» précédemment évoquée.
L'expérience des pays qui ont commencé à valoriser certains actes de télémédecine mérite également d'être analysée.
Quels pilotage et organisation pour le développement de la télémédecine ?
Il est aujourd'hui urgent et indispensable d'accélérer la mise en oeuvre des composants essentiels de ce système : identifiant de santé du patient, dossiers médicaux professionnels communicants, à l'hôpital comme en ambulatoire, messageries sécurisées, voire platesformes de services aux professionnels, sans oublier le chantier de la normalisation et des référentiels d'interopérabilité qui sous-tendent la qualité du système d'information. Ces éléments doivent contribuer à sécuriser les applications de télémédecine et il apparaît difficile d'attendre un quelconque essor de ses usages tant que ces conditions préalables ne seront pas satisfaites.
Le CNOM salue, à cet égard, l'initiative de la Commission des Communautés européennes qui vient de proposer, dans une déclaration du 4 novembre 2008, une série d'actions destinées à soutenir les efforts des Etats membres face aux défis posés par le déploiement de la télémédecine.